Ce jeudi 12 avril 2018, toutes les organisations syndicales négocient avec la direction d’Air France. Mardi, la direction a proposé l’ouverture d’une discussion pluriannuelle pour sortir du conflit, à condition que les grévistes suspendent leur mouvement. Elle promet, en cas d’accord, de revaloriser de 2% les grilles salariales pour 2018. Mais l’intersyndicale réclame une augmentation générale des salaires de 6%. Mercredi, elle a appelé les salariés du groupe à se rassembler à côté des locaux de la compagnie aérienne, à l’aéroport de Roissy. Reportage.
Avec notre envoyée spéciale à Roissy, Claudia Bertram
« Je pense que la négociation démarre mal. Evidemment, nous irons (aux négociations ce jeudi NDLR). Cependant, nous restons mobilisés. » Sophie Gorins donne de la voix devant le siège d’Air France. Elle est secrétaire générale du SNPNC, le Syndicat national du personnel navigant commercial affilé à Force ouvrière. Et pour elle, la proposition de négociation ne passe pas très bien.
« On la prend d’autant plus mal que la rédaction de la lettre prête à confusion. Il est écrit que M. Terner (directeur général d’Air France, NDLR) a fait une proposition aux organisations syndicales. Ce n’est absolument pas le cas. Nous avons découvert, comme tous les salariés, cette lettre et cette proposition dans nos boîtes mails. »
« Cette négociation, on va y aller, mais on sera très méfiants »
« Je ne pourrais pas comprendre que les syndicats n’entrent pas en négociation, alors qu’on leur propose une augmentation de 2% cette année, commente Jean-Marc Janaillac, PDG d’Air France-KLM. Je ne sais pas s’il y a beaucoup d’entreprises en France qui offrent ce type d’augmentations et qui, par ailleurs, proposent d’entrer dans une négociation pluriannuelle salariale. »
« 1+1, ce n’est pas 6, répond Sophie Gorins. Nous demandons 6%, nous avons fait la preuve que ces 6%, c’est le rattrapage du coût de la vie. Ce n’est pas être gourmand. Cette négociation, on va y aller, mais on sera très méfiants. Nous ne voulons pas que la direction s’en sorte à si bon compte, alors qu’elle se goinfre en pleine période de soi-disant crise pour la compagnie. Nous avons fait des efforts, ce sont maintenant des sacrifices. Donc, pas de levée de préavis. »
« Ce serait totalement irresponsable de ne pas rentrer dans cette négociation »
Problème : la direction a posé une condition ; que les grévistes suspendent leur mouvement. Or, pour Philippe Evin, le président du SNPL, le Syndicat national des pilotes de ligne, il n’en est pas question : « Bien entendu, le mouvement continue », assure-t-il.
« Ça fait des mois et des mois qu’on a essayé de mettre en place des négociations sereines, en dehors de toute pression de grève ou des médias. On a essuyé des refus à chaque fois (…). Et en revanche, on se rend aux négociations, parce qu’on souhaite mettre toutes les chances du côté d’une sortie de conflit. »
L’Intersyndicale a accepté de négocier, sans renoncer aux quatre prochains jours de grève qu’elle a annoncés les 17-18-23 et 24 avril prochains. « Alors qu’Air France est l’une des compagnies les moins rentables d’Europe, qu’elle est face à une concurrence redoutable, je pense que ce serait totalement irresponsable de ne pas rentrer dans cette négociation », prévient Jean-Marc Janaillac.
rfi