« Nous avons été un pays toujours basé sur l’agriculture, qui est une petite richesse. Aujourd’hui, nous avons découvert des ressources comme le pétrole et le gaz. Nous devons transformer tout cela pour arriver à être encore plus stable et donner de l’emploi aux jeunes pour qu’ils puissent rester sur place et développer le pays. » Youssou Ndour.
Une personne lambda aurait dit ces mots, on aurait compris. Mais c’est notre star planétaire et non moins entrepreneur confirmé et ancien ministre du tourisme qui le dit. Affirmer que l’agriculture est une petite richesse révèle toute l’ampleur de l’ignorance des sénégalais sur une politique économique et sociale réussie. En effet on a toujours pensé que ceux qui ont une fois été à un poste de responsabilité étatique doivent avoir un minimum de connaissance économique. Mais ce dont on assiste n’augure rien de bon pour le future du Sénégal si on en est arrivé à perdre de vue que tout développement commence par le secteur primaire qui doit être assez fort pour permettre la mise en place d’industries de transformations de matières premières, qui nous assureront une autosuffisance alimentaire sans compter que nos produits seront assez compétitifs rapport qualité/prix afin qu’on puisse exporter plus, importer moins et viser une balance commerciale excédentaire.
Si jusqu’à présent l’agriculture est une petite richesse au Sénégal, c’est de la faute de nos autorités qui n’ont jamais mis les moyens qu’il fallait pour diversifier les cultures et inciter la population à consommer local. Car partout ailleurs dans le monde, l’émergence n’a été possible que grâce a une politique agricole réussie (la France, les Etats unies, et la Chine sont de parfaits exemples).
Les dividendes qu’on espère récolter de l’exploitation des ressources comme le pétrole et le gaz n’auront aucun impact si la population sénégalaise dans son ensemble ne maîtrise pas le circuit de la production et de la commercialisation des biens de première nécessité. On assiste actuellement à une fuite des capitaux car ceux qui détiennent les rênes de l’économie sénégalaise ne réinvestissent pas leurs bénéfices et ne déclarent pas le montant réel de leurs revenus au fisc et on sait tous que l’économie sénégalaise repose en premier lieu sur les impôts et taxes qu’elle prélève sur les contribuables.
Et la vérité est que tous ces millions de jeunes sénégalais ne peuvent pas avoir un emploi à travers la transformation de nos ressources non renouvelables. Ce qui est possible, c’est d’accorder au secteur primaire une priorité absolue, car la fonction de l’état c’est de favoriser la création de richesse, et pour créer de la richesse, il faut commencer par le secteur à même de revitaliser le tissu économique.
Le drame dans les propos de monsieur Ndour, en est que, presque la majorité de nos intellectuels et politiciens pensent ainsi, c’est-à-dire développer le Sénégal en un coup de baguette magique. Toute structure solide tient debout grâce à de solides fondations, tout arbre résiste aux vents grâce à ses racines profondément enfouies, et donc toute économie solide doit reposer sur un secteur primaire fort qui irriguera tous les efforts de l’état afin de favoriser un harmonieux développement.
Toumany Etienne Camara Actuvision.com