Nouvelles manifestations dans les villes américaines malgré les couvre-feux

Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues des principales villes américaines mardi soir, en dépit des couvre-feux en vigueur, pour une huitième nuit consécutive de manifestations après la mort d’un homme afro-américain lors de son interpellation à Minneapolis, dans le Minnesota.

Une fusillade impliquant la police new-yorkaise a eu lieu à Brooklyn, a rapporté une chaîne de télévision locale affiliée à ABC, indiquant qu’au moins cinq personnes dont deux officiers de police ont été blessées, et toutes transportées à l’hôpital.

Une source policière a indiqué que les premiers éléments laissaient suggérer que l’incident, survenu après 21h00, n’était pas en lien avec les manifestations.

A New York, Los Angeles, Philadelphie ou encore Atlanta, de vastes marches ont été organisées en la mémoire de George Floyd, un homme afro-américain âgé de 46 ans décédé à la suite de son interpellation, et d’autres victimes de violences policières.

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Washington, près du parc où les forces de sécurité ont tiré la veille des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser des manifestants pacifistes avant que le président Donald Trump traverse à pieds cette zone, depuis la Maison blanche, pour brandir une Bible devant une église endommagée dimanche lors d’incidents.

Majoritairement pacifistes durant la journée, les manifestations ont donné lieu la nuit tombée à des émeutes, pillages, incendies, et affrontements entre contestataires et forces de l’ordre.

Durant l’après-midi à Washington, une foule de manifestants se sont agenouillés devant le Capitole, scandant “pas de justice, pas de paix” à l’adresse des policiers leur faisant face de l’autre côté d’une clôture métallique.

Malgré l’entrée en vigueur du couvre-feu et la ligne dure adoptée par Donald Trump pour mettre fin aux troubles, la foule est restée dans le centre de la capitale fédérale à la tombée de la nuit.

“L’AMÉRIQUE, PAS UN CHAMP DE BATAILLE”
A New York, là aussi après le couvre-feu en vigueur à 20h00, des milliers de manifestants ont traversé le pont de Brooklyn en chantant, alors que des hélicoptères de la police patrouillaient. D’autres manifestants, stoppés devant un accès routier au pont de Manhattan, ont appelé les policiers à se joindre à leur marche.

A Los Angeles, plusieurs milliers de personnes ont sillonné Hollywood Boulevard, tandis que d’autres ont pris place devant le siège de la police de la ville – donnant lieu, en contraste aux scènes de tensions, à des embrassades et poignées de mains entre manifestants et policiers.

Des centaines de manifestants se sont aussi réunis à Denver et Seattle, dans le calme, à la tombée de la nuit.

A Minneapolis, la conjointe de Floyd a déclaré lors d’une conférence de presse que celui-ci était un homme bien. “Je veux que tout le monde sache ce que ces officiers de police m’ont pris”, a dit Roxie Washington. “Gianna n’a plus de père”, a-t-elle ajouté, en larmes, à propos de leur fille âgée de 6 ans.

Derek Chauvin, le policier blanc âgé de 44 ans qui a maintenu son genou contre la nuque de George Floyd, a été limogé de la police, puis arrêté et inculpé de meurtre. Les trois autres policiers impliqués dans l’arrestation de Floyd n’ont pas été inculpés.

Une enquête d’opinion publiée mardi par Reuters/Ipsos montre qu’une majorité d’Américains interrogés soutiennent les manifestants. Plus de la moitié ont dit désapprouver la réponse apportée par Donald Trump aux manifestations.

Le président américain a menacé de recourir à l’armée pour endiguer les violences, dénonçant les mesures inadéquates des autorités locales et des gouverneurs.

Quelque 18.000 membres de la Garde nationale ont été déployés dans 29 Etats pour venir en aide aux forces de l’ordre locales, a indiqué mardi le chef de la Garde nationale.

Le Pentagone a annoncé dans la soirée dans un communiqué qu’il déplaçait 1.600 soldats dans la région de Washington, mais pas dans la ville elle-même, et que ceux-ci se trouvaient en état d’alerte “élevé” après les nuits de violences.

La rhétorique à caractère militaire de Donald Trump et le rôle croissant des forces armées américaines inquiète des représentants actuels et anciens.

“L’Amérique n’est pas un champ de bataille. Nos concitoyens ne sont pas l’ennemi”, a tweeté Martin Dempsey, général à la retraite qui fut chef d’état-major des armées.