Les députés néerlandais ont voté une motion non-contraignante qui qualifie de génocide le traitement de la minorité musulmane des Ouïghours par la Chine, une démarche inédite de la part d’un pays membre de l’Union européenne. Pékin réfute le terme.
« Un génocide se produit au Xinjiang », dit le texte voté par les députés qui évitent ainsi d’accuser directement le gouvernement chinois d’en être responsable. Cette motion n’a d’ailleurs pas trouvé le soutien du parti conservateur du Premier ministre Mark Rutte. Mais c’est la première fois qu’un pays européen utilise le terme du « génocide ».
Les Pays-Bas rejoignent ainsi les États-Unis et le Canada qui considèrent eux aussi que l’internement de masse, le travail forcé de centaines de milliers de Ouïghours dans les champs de coton, les stérilisations et la destruction de sites culturels ne sont rien d’autre qu’un génocide.
La Chine outrée
La riposte de Pékin n’a pas tardé : les députés néerlandais ont « délibérément diffamé la Chine », juge le ministère des Affaires étrangères. Le pays réfute le terme de génocide et évoque l’existence de « centres de formation professionnelle » destinés à aider la population à trouver un emploi et l’éloigner ainsi de l’extrémisme. Le journal officiel Global Times estime que cette motion pourrait même mettre en question l’accord commercial âprement négocié entre Pékin et l’Union européenne.
Le 24 février, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian a dénoncé un « système de répression institutionnalisée ». L’Elysée a assuré que ce sujet très sensible avait été abordé lors d’un échange téléphonique par Emmanuel Macron et son homologue chinois Xi Jinping. La position d’Emmanuel Macron sur le Xinjiang «est sans ambiguïté et rappelée à chaque entretien», a souligné la présidence française.
Situation au Xinjiang
Pékin accuse la mouvance séparatiste et islamiste ouïghoure de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils dans cette région du Xinjiang. Elle a donc engagé une politique de surveillance maximale de la minorité musulmane. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a indiqué que le PIB par habitant au Xinjiang avait été multiplié par près de 40 en 60 ans et l’espérance de vie y avait grimpé de 30 à 72 ans.