Ouragan Dorian: du «jamais vu» pour le Premier ministre des Bahamas

Aux États-Unis, les États du sud-est se préparent à l’arrivée de Dorian. L’ouragan, classé catégorie 5, est actuellement sur les Bahamas où il a déjà causé d’importants dégâts. Il s’agit du pire ouragan ayant jamais frappé l’archipel.

Avec notre correspondante à New York, Loubna Anaki

C’est un monstre de pluies et de vents qui s’est abattu sur les Bahamas. Des rafales à plus de 300 km/h et des pluies diluviennes. Les rares images qui parviennent montrent des maisons à moitié rasées et des quartiers entiers inondés. C’est l’ouragan le plus violent de l’histoire de l’archipel paradisiaque.

Le cyclone de catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson, l’un des plus puissants jamais enregistrés dans l’Atlantique, a touché terre sur l’îlot d’Elbow Cay et à Great Abaco, l’île principale des Abacos. « Depuis le milieu du XIXe siècle, on a recensé une petite vingtaine d’ouragans supérieurs en intensité à Dorian, qui est maintenant de catégorie 5, avec des vents moyens, mesurés sur une minute, qui atteignent 280 km/h, des rafales un peu plus fortes encore qui sont proches des 320 km/h. Ce sont des vents destructeurs qui emportent tout sur leur passage, notamment les infrastructures qui ne sont pas les plus robustes », explique Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo France qui suit le parcours de Dorian.

Hubert Minnis, le Premier ministre de l’archipel, face à la situation catastrophique, s’est adressé à ses concitoyens : « C’est probablement le jour le plus triste de ma vie alors que je m’adresse aux Bahaméens. En tant que médecin j’ai appris à affronter beaucoup de choses, mais jamais pareil phénomène. Nous sommes face à un ouragan comme nous n’en avons jamais vu dans l’histoire des Bahamas. Beaucoup de citoyens avaient décidé de rester chez eux. Et dans la ville de West End certaines personnes refusent toujours de partir. Je ne peux que leur dire ceci: j’espère sincèrement que ce n’est pas la dernière fois qu’ils entendent ma voix. Que Dieu les protège. »

Image satellite montrant la tempête tropicale Dorian à l’approche des Bahamas, le 1er septembre 2019.HO / NOAA/RAMMB / AFP

Puissant et lent

Dorian est puissant et, surtout, il avance lentement, à la vitesse d’une personne qui marche. Il devrait rester au-dessus des Bahamas au moins une douzaine d’heures. Ce qui lui laisse le temps de provoquer des dégâts sans précédent.

Plusieurs zones de l’archipel se trouvent légèrement au-dessus du niveau de la mer. « Il y a aussi les pluies extrêmes qui devraient dépasser les 300 à 500 litres d’eau au mètre carré. Il y a enfin ce que l’on appelle la marée de tempête, une surélévation du niveau de la mer qui sera très importante sur ces deux îles des Bahamas, certainement au-delà des quatre mètres, voire atteignant cinq à six mètres. Les Bahamas ont une géographie assez plate, et les bandes de terre sont assez étroites, donc on peut être relativement inquiets, il pourrait y avoir des entrées de mer loin dans les terres », reprend le météorologue français. Et avec les immenses vagues attendues, les autorités craignent que des parties entières des Bahamas disparaissent sous les eaux.

Vigilance

La situation est suivie de très près aux États-Unis, prochaine cible sur la trajectoire de Dorian. En Floride, de nombreux comtés ont été évacués et les écoles resteront fermées jusqu’à au moins mercredi. Pour l’instant, l’ouragan devrait remonter vers le nord sans toucher directement les États du sud-est. Mais les autorités américaines restent vigilantes. Dorian a déjà changé de trajectoire plusieurs fois. S’il frappe directement la Floride, la Géorgie, la Caroline du Nord et la Caroline du Sud, la situation pourrait être catastrophique. Le gouverneur de Floride parle dans ce cas d’un scénario apocalyptique.