C’est bien triste pour notre peuple d’avoir à choisir de laisser en attente ses profondes souffrances et ses sur-priorités du moment pour devoir résister et défendre notre démocratie, faire face à un Etat dictatorial et dire à Macky Sall « assez ! »
La banalisation et la politisation du viol est la dernière trouvaille du régime de Macky Sall pour arrêter l’opposant Ousmane Sonko, député à l’Assemblée nationale et président du parti Pastef-Les Patriotes. Cette dernière mascarade politicienne participe d’une stratégie d’élimination systématique des prétendants à la magistrature suprême. En atteste la longue liste des adversaires déclarés ou simplement soupçonnés d’avoir des ambitions présidentielles y compris ceux appartenant à son propre parti. On peut citer M. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, Karim Wade, ancien ministre, jugé par un tribunal d’exception et exilé au Qatar contre sa volonté, Mme Aminata Touré, son ancienne directrice de campagne et Premier ministre ; Aly Ngouille Ndiaye, récemment débarqué du poste de ministre de l’Intérieur. A cette liste non exhaustive s’ajoutent les victimes de purges successives au sein de l’appareil d’État et du parti présidentiel qui ont soit outrepassé le mot d’ordre de ne pas s’exprimer sur l’intention présidentielle de briguer un troisième mandat anticonstitutionnel et antipopulaire, soit représenté un obstacle à la mue du régime en cours en un hyper présidentialisme contrôlé par une dictature sourcilleuse à la solde du néocolonialisme français et de son mécanisme franc africain.
Macky Sall a, par ailleurs, mis en place un régime d’exception blindé par les dispositifs d’Etat d’urgence et de couvre-feu lié à l’état de catastrophe pandémique qui porte un rude coup aux possibilités de génération de revenus des plus démunis et sans doute à la libre circulation des biens et des personnes à l’échelle des régions les plus peuplées que sont Dakar et Thiès. Il est vrai que ces deux zones où se concentrent l’essentiel de l’activité économique sont aussi les territoires garants du mince filet de revenus journaliers indispensables à la survie quotidienne des populations exsangues qui font partie des 26 les plus démunies de la planète d’après les Nations Unies.
Le président Macky Sall essaie, autant que le lui permet la situation présente, de détourner l’attention nationale et internationale des scandales économiques et des calamités financières qui accablent les populations tétanisées par tant de malheurs à la fois. Évoquons, pèle mêle, la prévarication de centaines de milliards de francs Cfa du budget national, l’accaparement de richesses foncières considérables, les pipelines gigantesques et les paradis fiscaux par lesquels s’écoulent déjà les prébendes du pétrole au profit de contrebandiers nationaux et internationaux et de palefreniers connus de tous. Rappelons, par ailleurs, la construction hors normes de gigantesques infrastructures budgétivores parfaitement antisociales et au détriment des écorchés vifs des ajustements de l’ordre interne à l’ordre externe, celui des transnationales, des banquiers étrangers enrichis par l’argent Cfa de la néo colonie et des accords d’un partenariat rigoureusement asymétrique. Ce partenariat du cavalier et de la monture est-il besoin de le rappeler, n’a abouti qu’au dépeuplement halieutique, étranglant de ce fait une jeunesse méprisée.
Dakar Matin