La 72e édition du Festival d’Avignon fait le pari du genre. Traversé par le théâtre, la danse, l’image, le cinéma, la littérature, la peinture, la musique, la performance, le sujet du genre questionnera nos identités et nos certitudes. Quarante-sept spectacles, dont 35 créations, pour refaire le monde, penser l’exil, la justice, la beauté ou le bonheur dans la cité des papes, du 6 au 24 juillet. Voici les points forts attendus.
Avec Thyeste de Sénèque, accompagné des enfants de la maîtrise de l’Opéra-Comique et de celle de l’Opéra Grand Avignon, Thomas Jolly ouvrira ce vendredi 6 juillet au soir le Festival d’Avignon avec « la pièce la plus sanglante dans l’histoire du théâtre » dans la cour d’honneur du Palais des papes. Occasion de s’interroger sur la fatalité de nos concepts de virilité, de féminité ou d’humanité quand on est face à la trahison, l’adultère, la vengeance ou l’infanticide.
Être désigné, être détenu
L’intemporelle contemporanéité d’Antigone de Sophocle, mise en scène par Olivier Py, aidera à exprimer l’humanité des détenus et la notion de justice au sein du centre pénitentiaire Avignon Le Pontet. Que signifie être désigné comme homme, femme, homosexuel(le), transgenre ou travesti(e) ? Didier Ruiz avec Trans (Més Enllà), Phia Ménard avec Saison sèche, Gurshad Shaheman avec Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète, ainsi que Caritia Abell et Vanasay Khaphommala avec L’invocation à la muse apporteront des éclaircissements et des chamboulements aux spectateurs. Pour le feuilleton théâtral au jardin Ceccano, devenu un rendez-vous incontournable pour le public du Festival, l’artiste David Bobée fera résonner pendant treize jours les paroles des LGBTQ, avec le récit d’un « drag king » comme apothéose de la déchéance masculine : Mesdames, Messieurs et le reste du monde.
« Kreatur » et Kafka
Madeleine Louarn et Jean-François Auguste nous bousculeront avec les derniers écrits de Franz Kafka, incarnés par les comédiens handicapés de la troupe Catalyse. La chorégraphe allemande Sasha Waltz présentera la dernière Kreatur issue du pays de Faust. Un autre spectacle de danse viendra du Burkina Faso : Ben & Luc, de Mickaël Phelippeau. Après son adaptation époustouflante des Particules élémentaires de Michel Houellbecq et la tempête théâtrale 2666 du roman-fleuve du Chilien Roberto Bolano, Julien Gosselin présentera cette année une pièce multicolore et multimédia de huit heures sur la question du terrorisme. Sa trilogie Don DeLillo : Mao II, Joueurs, Les Noms figure parmi les spectacles les plus attendus de cette 72e édition.