C’est une exclusivité de « Source A » ! Une couche et non des moindres est venue s’ajouter au contrat d’affermage de l’eau, autour duquel se battent la Sénégalaise des eaux (Sde) et la société française, Suez. Il s’agit de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (Oclcliff) qui a décidé d’entrer dans la danse. Ce, à travers l’ouverture d’une information judiciaire pour « corruption, complicité de corruption d’Agent public étranger et fraude fiscale ».
Mieux ou pis, c’est selon, non seulement une demande d’entraide judiciaire est adressée à certains Services, mais aussi, d’après les indiscrétions parvenues à « Source A », Interpol France a déjà eu à communiquer avec les Bureaux centraux de Dakar, Libreville et de Rabat dans le cadre de cette affaire.
Et Dieu sait que les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales ne sont pas des enfants de choeur. Pour avoir causé bien de soucis à de fortes personnalités, dont l’ancien président français Nicolas Sarkozy, dans le cadre du financement libyen pour les besoins de sa campagne électorale d’alors.
D’après les indiscrétions parvenus à « Source A », il y a deux « lanceurs d’alertes », en l’occurrence Yann Chazal et Benoit Dupuy, qui ont été à l’origine des soupçons ayant conduit l’Agence française anti-corruption à creuser cette affaire.
« C’est le don de véhicules âgés de plus de 15 ans qui nous a intrigués, dans la mesure où un décret pris par le Président de la République fixait les détails d’entrée des camions et bus d’occasion à dix ans. C’est en essayant d’y voir plus clair que les deux « lanceurs d’alerte », disent avoir constaté que ce don n’était que l’arbre qui cachait la forêt. En effet dans le Rapport de dénonciation parcouru par « Source A » sur la plateforme de signalement Internet de l’Office, les auteurs font mention de plusieurs autres cadeaux, dont une vingtaine de camions-citernes et bennes stationnés à Diamniadio et qui feraient partie du « don ».
Refusant de s’en arrêter là, les deux « lanceurs d’alertes », Yann Chazal et Benoit Dupuy, pointent également du doigt, une industrie de produits halieutiques dont les fonds ayant servi à son acquisition, pourraient intéresser les enquêteurs.
Une demande d’entraide judiciaire adressée à certains services ; Interpol France a déjà eu à communiquer avec les Bureaux centraux de Dakar, Libreville et Rabat
Forts de toutes ces informations, les hommes du Commissaire Divisionnaire Thomas de Ricolfis, chef de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, ont commencé un véritable travail de fourmi, qui a abouti à une demande d’entraide judiciaire adressée à certains services.
C’est ainsi qu’Interpol France a déjà eu à communiquer avec les Bureaux centraux de Dakar, Libreville et Rabat dans le cadre de cette affaire. Des noms et pas des moindres que nos sources n’ont pas voulu confirmer, figurent sur la liste des personnes à entendre.
C’est ce service qui a fouillé dans un passé récent, l’ex-tout puissant Directeur de cabinet du Président Aly Bongo, Maixent Accrombessi ; le Conseiller du Président Macky Sall, Seydou Kane, les conditions d’attributions des Jeux olympiques ; le financement libyen de la campagne de l’ex-président Nicolas Sarkozy ou les concessions des ports de Conakry et Lomé à Bolloré
Pour rappel, c’est ce même Service qui avait interpellé et placé en garde-à-vue, l’ex-tout puissant Directeur de cabinet du Président Aly Bongo, Maixent Accrombessi, avant que de fortes pressions du Pouvoir gabonais le fassent libérer. Un autre Conseiller du Président Macky Sall, Seydou Kane, détenteur d’un passeport diplomatique du Sénégal, a connu, en novembre 2015, la même galère.
Pascal, commandant de Police en service à l’Office, a confié : « cette affaire sera traitée comme toutes les affaires en cours qui sont au nombre de 300 dossiers. Il s’agit des cas les plus médiatisés comme les conditions d’attributions des Jeux olympiques, le financement libyen de la campagne de l’ex-président Nicolas Sarkozy ou les concessions des ports de Conakry et Lomé à Bolloré ».
Cette sévère mise en garde de Pascal, Commandant de police en service à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales
« Nous avons une compétence dans les domaines de la corruption nationale et internationale, les atteintes à la probité, les infractions au droit des affaires, la fraude fiscale complexe et la blanchiment de ces infractions. Ce qui fait que ce Service est un passage obligé pout toute personnalité française ou étrangère ayant été impliquée dans des affaires de corruption ou de fraude fiscale », glisse-t-il à « Source A ».
Véolia considère que la procédure autour du Contrat d’affermage est nulle, depuis le 27 mars dernier, et exige qu’on lui rende son chèque, tout en s’abstenant de donner avis sur la saisine de l’Oclciff.
La Sde déclare qu’elle croit aux institutions nationales et confirme avoir introduit un recours au niveau de l’Armp. Suez par contre, est aux abonnés absents.
Voulant en savoir davantage avec les trois protagonistes impliqués dans le renouvellement du Contrat de concession d’affermage de l’EAU, « Source A » a, d’abord, essayé de tailler bavette avec Véolia.
Réagissant pour le compte de Véolia, notre interlocuteur, qui a accepté de nous parler sous la couvert de l’anonymat, confie : « nous ne sommes plus concernés par cette procédure de Contrat d’affermage qui est caduque, depuis le 27 mars dernier. Car n’ayant pris aucune instruction allant dans le sens de proroger le dossier d’appel d’offres ».
« Nous avons exigé que l’autorité nous restitue notre caution bancaire. Véolia ne comprend toujours pas que le ministère veuille continuer à la citer dans un dossier, où elle n’est plus présente ».
Et pour boucler la boucle, ce responsable de Véolia de marteler : « c’est le 2 avril dernier que nous avons reçu notification de l’attribution provisoire à Suez et, le lendemain, Véolia a répondu au ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement (Ndlr : devenu minstère de l’Eau), en soulevant la caducité de tout acte depuis le 27 mars, ce qui fait que nous avons exigé de l’autorité la restitution de notre caution bancaire ». Non sans glisser ce tacle toxique : « Véolia ne comprend toujours pas que le le ministère veuille continuer à la citer dans un dossier où elle n’est plus présente ».
Un haut cadre de la Sde : « Nous avons foi en notre offre et surtout aux institutions de notre pays. C’est pourquoi, nous continuons à user de toutes les voies de recours ».
D’une façon plus diplomate, un cadre de la Sénégalaise des eaux (Sde) déclare : « Nous avons foi en notre offre et surtout aux institutions de notre pays. C’est pourquoi, nous continuons à user de toutes les voies de recours mises à notre disposition ». Avant de nous apprendre fièrement, « mercredi, l’Armp a suspendu l’attribution provisoire accordée à Suez et cela nous conforte de continuer à croire que la lumière jaillira »
Nos tentatives de joindre un responsable de Suez sont restées vaines. Le préposé au téléphone nous a incessamment, répondu que quelqu’un allait nous contacter, en vain.
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