La province du Sind dans le sud du Pakistan, est l’une des plus affectées par les inondations qui frappent le Pakistan depuis mi-juin. En cause, des pluies de mousson exceptionnelles et des rivières en crue après la fonte accélérée des glaciers dans le nord du pays. Un habitant sur sept est touché et 6,4 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire. Plus de 1 300 personnes ont été tuées selon le dernier bilan officiel qui pourrait s’alourdir au fur et à mesure que les secours accèdent aux zones sinistrées. Une catastrophe climatique dont les conséquences sont encore à craindre car plusieurs zones sont toujours menacées d’inondation imminente. C’est le cas dans le Sind.
De notre envoyée spéciale dans la province du Sind, Sonia Ghezali
A Dadu, l’un des districts de la province du Sind, les autorités ont appelé des milliers de personnes à évacuer leur habitation. L’eau continue de monter jour après jour dans certaines zones du district. C’est le cas à KN Shah et ses faubourgs. L’autoroute de l’Indus qui traverse la circonscription est sous l’eau. Les panneaux de signalisation ont la tête hors de l’eau, mais des centaines d’habitations sont englouties. Il y a trois mètres d’eau dans plusieurs zones. Seuls les frontons des bâtisses de plusieurs étages sont visibles, comme celui des certains collèges et lycées. Les insignes des pompes à essence sont aussi visibles.
La peur des scorpions
Au cœur de la ville de KN Shah, les secouristes de la fondation pakistanaise Edhi sont venus en aide à 1200 personnes au cours des 5 derniers jours. Ils naviguent sur les eaux dès les premières heures du jour, vont dans les villages submergés, portent secours à ceux qui sont piégés et apportent de l’eau à ceux qui ne veulent pas de quitter leur habitation. Ces derniers refusent d’évacuer parce qu’ils ont peur que leur maison soit pillée s’ils la quittent. Beaucoup d’hommes ont envoyé leur épouse et leurs enfants chez des proches en zone non inondée, ou dans des campements d’urgence mais eux sont restés. A KN Shah, il y aurait environ 200 hommes qui refusent de quitter leur maison. Ils vivent sur le toit malgré les risque d’effondrement, les maisons étant toutes inondées jusqu’à trois mètres de hauteur.
Les rues, transformées en rivière, sont remplies de déchets, des serpents ont fait leur apparition. Les scorpions, qui sont très nombreux dans le Sind, sont encore plus craints car il n’y a aucun moyen pour ces habitants de se rendre à l’hôpital en cas d’urgence. Il n’y aucun accès à l’eau potable, aucun accès à la nourriture, pas d’électricité, pas de réseau mobile, les gens sont coupés du monde. Leur seul moyen d’être ravitaillés est d’utiliser les bateaux des secouristes ou des pêcheurs qui facturent la course jusqu’en terrain sec.
La météo prévoit encore de la pluie
Quand nous voyons le niveau de l’eau et l’état des vannes, notre cœur s’arrête de battre
Actuellement, les craintes de nouvelles inondations viennent du lac Manchar qui se trouve à 80 km de la province de Dadu. C’est un lac utilisé pour le stockage de l’eau, mais qui, aujourd’hui, déborde. Ces vannes sont soumises à une forte pression ; des milliers d’habitations sont menacées. Les autorités ont ouvert une brèche qui permet à l’eau de s’écouler en direction de certains villages qui seront inondés, mais cela devrait permettre au district de Dadu et Sewan, qui sont très peuplés, d’être épargnés. Cela suffira-t-elle ? Certains se posent la question car l’eau des pluies tombée dans les montagnes du Baloutchistan, voisin, vont atteindre le lac Manchar et le gonfler encore plus alors qu’il déborde déjà. Et cela alors que la météo prévoit de la pluie dans les prochains jours.