On a assisté, hier, à une série de passations de service entre anciens et nouveaux Ministres. Après les décrets de nomination et de répartition des services, c’était la dernière formalité pour passer au travail. Et il fallait s’y atteler rapidement. Les discours tenus çà et là n’intéressent personne car tout le monde sait qu’aucun d’eux ne va rater l’occasion de remercier le Chef de l’Etat alors que les frustrations sont énormes dans les rangs de ceux qui partent. Mais, que voulez-vous, il faut être ‘‘poli’’ et respecter le protocole…
Ce qui préoccupe les Sénégalais surtout, c’est la combativité de la nouvelle équipe d’hommes et de femmes qui sera chargée de régler leurs problèmes quotidiens.
A ce propos, le nouveau Gouvernement a du pain sur la planche. Les dossiers chauds ne manquent pas. Et ceux qui les entretiennent n’ont pas attendu, eux, la passation de service.
Les boulangers ont mis le feu aux poudres avec des menaces de graves si le prix du pain n’était pas revu, entre autres revendications.
Les étudiants, notamment ceux de l’Ugb, sont sur le qui-vive. Une plainte du Recteur est agitée contre certains d’entre eux et la situation est loin de connaitre un dénouement.
Pendant ce temps, le Préfet de Dakar est à pied d’œuvre afin que les opérations de déguerpissement puissent se mener dans la capitale qui croupit sous le poids de l’insalubrité.
Pendant ce temps, les syndicats de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, du nettoiement et de biens d’autres secteurs attentent de pied ferme ce nouveau Gouvernement à quelques jours de la célébration de la fête du 1er mai. Les doléances des travailleurs de tous bords sont restées intactes. Peu d’avancées dans le secteur social, de l’emploi, de l’insertion professionnelle, etc.
Le patronat n’est pas en reste, lui qui souhaite que le taux de la dette intérieure soit profondément abaissé et que la préférence nationale soit enfin une réalité.
Pendant ce temps, Khalifa Sall et Karim Wade attendent que leurs dossiers soient traités au niveau du Palais et qu’ils puissent, enfin, se pavaner dans les rues de Dakar.
En tout cas, l’opposition qui refuse tout dialogue avec un Président qu’elle n’a pas félicité, nourrit l’espoir que les réformes institutionnelles appropriées soient enfin engagées afin que la démocratie soit renforcée.
Malheureusement, à ce propos, les nouvelles résolutions prises par le Chef de l’Etat, en l’occurrence la suppression du poste de Premier ministre, ne sont pas pour encourager le rapprochement entre pouvoir et opposition.
Pendant ce temps, le Président qui a promis un million d’emplois aux jeunes, est attendu au tournant. Il devra travailler avec son Gouvernement à réaliser de telles promesses en faveur d’une jeunesse qui est largement portée vers l’émigration.
Tout pour dire que les nouveaux Ministres et Secrétaires d’Etat devront se retrousser les manches et rester prêts à passer des nuits blanches, se priver de vie de famille, bannir la fatigue de leur langue, attaquer les problèmes de fond et leur trouver des remèdes.
Mansour Faye qui est déjà pointé du doigt sur le volume des secteurs stratégiques qu’il gère, n’a pas perdu de temps. Il s’est imposé comme défi de rencontrer les différents Directeurs qui relèvent, désormais, de son département pour un premier briefing.
Il faudra bien accélérer la cadence cette fois-ci car, cinq ans, ça passe vite. Et les priorités sont énormes.
Le mode ‘’fast-track’’ qui a été mis en avant va-t-il tenir toutes ses promesses ? C’est ce que nous attendons de voir. Car, les lourdeurs administratives font partie de nos habitudes, au point qu’il sera difficile d’aller vite sans pour autant escamoter certaines règles qu’il faudra au préalable changer.
Nous espérons également que ce n’est pas une façon de contourner certaines règles de bonne gouvernance comme l’appel d’offre pour les passations de marchés. Et l’intérêt sera toujours mis en avant.