« Le passeport diplomatique est un document précieux qu’on doit protéger. Et le protéger, c’est protéger le Sénégal, l’Etat et sa crédibilité » avait conseillé l’ancien ministre des Affaires étrangères aux députés « bordéliques ». « Le Témoin »
Il convient de déplorer le fait que l’article 106 modifié et « élargi » du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, constitue la clé qui a ouvert la boite de Pandore de ce trafic d’influence. Dans cet article, il est dit que : « pendant toute la durée de leur mandat, les députés à l’Assemblée nationale ont droit à un passeport diplomatique, dans les mêmes conditions que les membres du Gouvernement. Ils ont accès au salon d’honneur ».
C’est en 2014 que la question de la modification du décret fixant la liste des ayants-droit au passeport diplomatique, avait été soulevée par les députés devant l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, lors de son passage à l’Assemblée nationale.
Avec insistance, les députés avaient demandé la généralisation de l’accès au passeport diplomatique aux épouses et enfants de députés. Pour mettre fin à ce débat, puisque, selon lui, la question était déjà réglée par le président de la République, Mankeur Ndiaye avait annoncé la bonne nouvelle. « Désormais, des passeports diplomatiques seront octroyés aux épouses et aux enfants des députés…», avait-il déclaré sous un tonnerre d’applaudissements.
Profitant de cette tribune, Mankeur Ndiaye s’était également offusqué de la façon dont se comportaient certains députés, détenteurs de passeports diplomatiques.
« Quand on est porteur de passeport diplomatique, on doit avoir un comportement diplomatique. On ne peut pas détenir ce passeport et se comporter d’une façon désordonnée. Certains ministres des Affaires étrangères de pays amis nous le signalent souvent. Le passeport diplomatique est un document précieux qu’on doit protéger. Et le protéger, c’est protéger le Sénégal, l’Etat et sa crédibilité », avait conseillé l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Hélas ! Dans cette histoire de trafic de passeports diplomatiques, les enquêteurs de la Police sont convaincus d’avoir affaire à des membres d’une mafia bien organisée.
Une mafia ayant comme cerveaux des députés à l’Assemblée nationale et comprenant des faussaires, rabatteurs et complices, qui faisaient passer des candidates à l’émigration pour des épouses de députés. Et d’autres clients, pour des enfants et « domestiques » de députés, afin de leur faire obtenir un passeport diplomatique.
La preuve par les aveux d’El Hadji Diadj Condé… Et quand on sait que les maires aussi ont demandé, et obtenu, des passeports diplomatiques pour eux et les membres de leurs familles.
Le Témoin