Pédophilie: les évêques chiliens à Rome pour un entretien privé avec le pape

Les évêques du Chili sont convoqués à Rome par le pape François : 34 prélats vont rencontrer dès ce mardi 15 mai, en privé, le souverain pontife. Le pape les a fait venir pour faire la lumière sur les scandales d’abus sexuels qui plombent l’Eglise locale. Une rencontre particulièrement attendue. Quelques heures avant la rencontre, les évêques chiliens ont fait profil bas, reconnaissant de « graves erreurs ».

Avec notre correspondant au Vatican,  Eric Sénanque

C’est « avec douleur et honte » que les évêques du Chili se présentent au Vatican. Des mots qui reprennent ceux du pape François dans sa lettre de convocation des prélats, le 8 avril dernier.

Devant les journalistes lundi soir, deux membres de l’épiscopat ont voulu rappeler qu’ils mettaient les victimes au centre de ces deux jours de rencontre avec François. L’Eglise chilienne attend de ces entretiens avec le souverain pontife de « pouvoir changer et se renouveler ».

Mais les victimes de prêtres pédophiles au Chili, en particulier de Fernando Karadima, attendent beaucoup plus que des simples paroles de compassion. Les évêques chiliens vont écouter ce que le pape François a à leur dire, lui qui a lu de nombreux témoignages d’anciennes victimes et qui en recevait trois d’entre elles début mai au Vatican.

« Il est possible que le Saint-Père en sache plus que nous », ont admis les évêques, laissant paraître une certaine impuissance face aux scandales qui minent leurs diocèses. A moins qu’il s’agisse de peur : le pape, qui a été montré du doigt dans ce dossier, est en effet déterminé à connaître la vérité, aussi douloureuse soit-elle, et pourrait annoncer des sanctions à l’issue de ses entretiens avec les prélats chiliens.

François a demandé que ces rencontres se déroulent dans la plus stricte confidentialité.


■ Retour sur le scandale débuté en 2010

Avec notre correspondante à Santiago,Justine Fontaine

Pour le grand public, tout commence en 2010 : trois hommes, qui ont grandi dans un quartier chic de Santiago, osent dénoncer publiquement l’influent prêtre de l’église d’el Bosque, Fernando Karadima. Il les a agressés sexuellement pendant leur adolescence, disent-ils.

Mais ce n’est pas tout, les victimes affirment qu’avant de témoigner à la télévision, elles avaient déjà dénoncé les faits auprès de la hiérarchie catholique, sans qu’aucune mesure ne soit prise. Pire encore, plusieurs membres du clergé, y compris l’archevêque de Santiago, auraient couvert Karadima pendant des années, voire détruit des éléments qui auraient pu servir de preuves contre lui.

En 2015, le pape François relance l’affaire sans le vouloir : il nomme un proche de Karadima évêque dans le sud du Chili. Juan Barros, c’est son nom, est même présent auprès du pape pendant toute sa visite dans le pays, au début de l’année.

Depuis, François s’est excusé auprès des victimes, et les a reçues longuement au Vatican. A tel point que la presse chilienne s’attend maintenant à des sanctions contre les évêques.

 

RFI