Les produits de H&M, le plus grand fabricant de prêt à porter, ont disparu des plateformes chinoises de vente en ligne depuis mercredi 24 mars, en Chine. Et désormais, des personnalités représentant la marque dans le pays quittent le navire et mettent fin à leur contrat, tout comme d’autres avec l’équipementier américain Nike. C’est le fruit d’une campagne mené par Pékin après que les deux compagnies ont pris position contre le travail forcé au Xinjiang.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
À part des rayons un peu moins fréquentés que d’habitude pour une après-midi de fin de semaine et les « baoan » (agents de sécurité) occupés à repousser caméras et appareils photos des journalistes, ce magasin H&M du centre de Pékin semble pour l’instant échapper à l’appel au boycott lancé sur les réseaux sociaux et relayé par la télévision centrale de Chine. Celle-ci a affirmé que la marque payerait certainement un « lourd tribu pour sa mauvaise action » visant le Xinjiang.
Un message entendu et repris quasi mot pour mot par cette jeune pékinoise : « Je n’achèterai plus ici, car c’est un manque de respect pour le pays et une menace économique. On a appris la nouvelle hier, c’est l’un des principaux thèmes de discussions sur Weibo. »
Flambées de commentaires sur le réseau social chinois Weibo, suivis par des ruptures de contrats. L’acteur Huang Xuan et la chanteuse Victoria Song affirment ne plus vouloir travailler avec la marque suédoise. Même chose pour l’acteur et chanteur Wang Yibo qui cesse sa collaboration avec Nike, la marque américaine ayant également rompu avec les producteurs de coton du Xinjiang… il y a 8 mois.
À la sortie du magasin H&M, précédé d’un chariot plein de cartons, un étudiant venu de Shenzhen est dubitatif du boycott : « Je pense que les gens qui appellent au boycott sont fous. Les choses ne sont pas claires, ils appellent au boycott parce qu’on les incite à le faire. Ce n’est pas raisonnable. »
La Chine est aujourd’hui le quatrième marché d’H&M dans le monde avec des ventes dépassant les 287 millions d’euros l’année dernière. Mais depuis mercredi 24 mars, les recherches de ses produits sur les plateformes de ventes en ligne Alibaba, JD.com et Pinduoduo ne donnent plus de résultats.
Cet appel au boycott de Pékin intervient après les sanctions décidées lundi 22 mars par l’Europe, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada à l’encontre des responsables chinois accusés de violations des droits de l’homme au Xinjiang.
rfi