Le conflit se poursuit, jeudi 13 octobre, dans les raffineries en grève. Les stations-essence manquant toujours plus de carburants, le gouvernement a réquisitionné un nouveau dépôt pétrolier, tandis que des discussions inédites doivent se tenir pour trouver une issue à la crise : TotalEnergies a invité les organisations syndicales à des négociations salariales dans la soirée de jeudi.
Devant les grandes cuves et les immenses cheminées métalliques de la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), les salariés discutent et regardent leurs téléphones à l’affût d’une annonce, ce 13 octobre. Dans la matinée, TotalEnergies a fait un premier pas : une hausse de 6% des salaires l’année prochaine, et une prime exceptionnelle d’un mois.
Au micro de Matthieu Bonhoure, Jérémy Pavy, représentant CGT, réagit : « Il est presque insultant ce pas. Je vous rappelle que la revendication numéro un de la CGT, c’est un rattrapage de 10% de l’inflation sur 2022. Il faut aussi qu’il y a une volonté gouvernementale. »
La CGT a appelé, dans la matinée, à élargir le mouvement de grève « dans toutes les entreprises » du secteur de l’énergie. Un souhait formulé alors que le gouvernement a lancé à la mi-journée la réquisition d’un dépôt de carburants TotalEnergies, près de Dunkerque. Un premier dépôt d’Esso-ExxonMobil en Normandie avait déjà été réquisitionné mercredi. 30% des stations-service françaises sont à sec, selon le ministère de la Transition énergétique.
Des « négociations salariales collectives » ouvertes à partir de jeudi soir
À Donges, les grévistes pointent du doigt la très bonne santé financière de TotalEnergies. « On demande un juste partage. La question des salaires est centrale en France, elle n’est pas que sur TotalEnergies. Après, si chez TotalEnergies, on n’arrive pas à augmenter les salaires, où est-ce que ça se fera en France, avec une entreprise numéro un du CAC40 ? », rappelle Jérémy Pavy. Les salariés n’en démordent pas : ils veulent une hausse de 10% des salaires et une récupération de l’inflation sur l’année écoulée.
Les grévistes de l’ensemble des sites paralysés ont voté, à la mi-journée, la reconduction de leur mouvement, hormis à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Un accord avait été trouvé mardi entre la direction du site et deux syndicats majoritaires. Une exception dans le conflit en cours.
Un pas en avant est, néanmoins, envisageable : TotalEnergies, après avoir vu ses propositions matinales rejetées, a invité les organisations syndicales à des « négociations salariales collectives » ce jeudi à partir de 20h00. C’est une première depuis le début de la grève, le 27 septembre ; le groupe pétrolier conditionnait, jusqu’à présent, l’ouverture de telles négociations à la levée des blocages.