La ministre péruvienne de la Justice est sur la sellette après un commentaire jugé insensible, voire indolent, suite à un nouveau féminicide à Lima. Malgré ses excuses, Ana Teresa Revilla a été désavouée par le président Martin Vizcarra.
Avec notre correspondant dans la région, Éric Samson
Être en mode « Noël » n’a pas réussi à la ministre péruvienne de la Justice, qui a appris à la dure qu’on est ministre sept jours sur sept, 24 heures sur 24.
Alors que des journalistes lui demandaient après la messe de Noël une réaction à un nouveau cas de féminicide, Ana Teresa Revilla s’est contentée de sourire et de dire qu’elle ne répondrait pas car elle était encore dans un état d’esprit festif.
Alors que les critiques se multipliaient, la ministre de la Justice a d’abord répondu qu’on ne l’avait pas bien comprise, avant de s’excuser.
Elle a justifié sa réaction apparemment insensible par son manque d’expérience politique et la surprise d’être interrogée à la sortie de la messe.
L’inaction de la police au moment du drame
Il n’est pas sûr que cela suffise, car le président péruvien Martin Vizcarra l’a aussitôt désavouée en parlant de déclarations inacceptables.
La réaction d’Ana Teresa Revilla est d’autant plus surprenante que le féminicide de Jessica Tejedaet de trois de ses quatre enfants a choqué le pays tout entier.
D’abord parce que cette femme de 34 ans est la 164e victime de féminicide au Pérou cette année, mais aussi parce que la police a tardé plus d’une heure pour intervenir malgré les appels des voisins, alors que le commissariat n’était qu’à 200 mètres du lieu du drame.
La jeune femme a été retrouvée morte le 22 décembre dernier, après avoir été rouée de coups par son ex-conjoint.
Au Pérou, le nombre de féminicides ne cesse d’augmenter. Avec 164 cas depuis le début de l’année, 2019 a été une année plus meurtrière que l’année 2018.
rfi