Organisée dans le sillage du meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak, une grande manifestation anti-corruption a rassemblé 40 000 personnes à Bratislava vendredi 9 mars, selon le quotidien SME. C’est l’un des plus grands rassemblements populaires depuis la Révolution de velours, qui a scellé la chute du communisme en Tchécoslovaquie en 1989.
« Journalistes, n’ayez pas peur, nous sommes avec vous ! », « Nous vivons dans un État de mafieux », « Fico couche avec la mafia », « Salauds ». Dans les rues de Bratislava vendredi 9 mars, les manifestants arboraient différentes banderoles, mais un slogan principal « Pour une Slovaquie honnête ».
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté en hommage au journaliste d’investigation et à sa compagne Martina Kusnirova, dont le meurtre par balles a provoqué un choc tant dans le pays qu’à l’étranger, mais aussi pour réclamer la démission du Premier ministre Robert Fico. La dernière enquête de Jan Kuciak concernait des affaires de fraude impliquant des hommes d’affaires italiens membres de la mafia calabraise, la Ndrangheta, et les milieux mafieux actifs en Slovaquie. L’un de ces hommes d’affaires, qui dément tout lien avec la mafia italienne, a eu par le passé des relations avec deux personnes qui ont travaillé au cabinet de Robert Fico.
Les manifestants réclament l’avènement d’un « nouveau gouvernement, digne de confiance ». Le rassemblement a commencé de manière pacifique, avec plusieurs discours, démentant les craintes de Robert Fico qui avait déclaré redouter des violences. Des manifestations semblables ont eu lieu dans des dizaines de villes slovaques, mais également en République Tchèque voisine.
Crise politique
Cette manifestation fait écho à celle de la semaine dernière, où des milliers de personnes, dont 25 000 à Bratislava, réclamaient déjà la démission du Premier ministre de gauche et de son ministre de l’Intérieur, Robert Kalinak.
La crise politique a conduit l’un des partis de la coalition au pouvoir, Most-Hid, à envisager sa sortie du gouvernement au cas où Robert Kalinak refuserait de démissionner. Si Most-Hid prend cette décision, attendue lundi soir, la Slovaquie s’orienterait vers la formation d’un gouvernement minoritaire ou vers des élections anticipées.
Des députés européens ont visité vendredi la maison où Jan Kuciak a été tué. « L’Union européenne fera tout son possible pour soutenir l’enquête sur sa mort », a promis sur son compte Twitter le parlementaire européen britannique Claude Moraes à l’issue de cette visite.
rfi