Polémique sur les marchés d’achat et de transport du riz: Les craintes et exigences de « Y’en a marre »

a dynamique de lutte contre le covid-19 a été marquée, ces derniers jours, par des accusations de non transparence dans les marchés d’achat et de transport des vivres destinés aux ménages les plus vulnérables. Le mouvement Y’en a marre est monté au créneau pour étaler ses craintes et alerter. Ci-dessous son texte.

«Une gestion nébuleuse qui sape notre unité nationale nécessaire pour vaincre la pandémie

Depuis plusieurs semaines, notre pays mène avec bravoure un combat contre le COVID-19, avec une unité et une solidarité qui produisent des résultats encourageants. Pour le mouvement Y en a marre, l’arme la plus redoutable dont le Sénégal dispose aujourd’hui dans sa lutte contre le coronavirus reste, sans nul doute, cette union des cœurs et des esprits qui transcende les sensibilités et les divergences de point de vue des différentes composantes de la société sénégalaise. Et s’il y a quelque chose que le Sénégal a intérêt à préserver pour rester fort dans cette lutte, c’est bien cette union et cette solidarité libératrices des énergies et du génie sénégalais.

Cependant, depuis quelques jours, le peuple sénégalais est témoin d’un manque notoire de transparence dans le processus d’achat et d’acheminement des vivres destinés aux populations vulnérables dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale.

Les procédures de passation des marchés, les prestataires et fournisseurs retenus, les conditions et coûts du transport, de même que le choix des bénéficiaires, font surgir partout des interrogations légitimes de la part des sénégalais. Ce qui risque d’affaiblir la lutte et réduire la vigilance des populations face à la menace de la pandémie.

Malheureusement, les autorités n’ont pas encore apporté de réponses à ces interrogations. Pire, les sorties de deux ministres du même gouvernement donnant des chiffres différents par rapport au coût du transport, nourrissent davantage les questionnements et les rendent encore plus légitimes. Ce qui est inacceptable.

Pour Y en a marre, la cause d’une telle situation est à rechercher d’abord dans le retard inexplicable constaté dans l’application des mesures annoncées par le président de la République dans son discours du 3 Avril, et qui pourtant sont censées garantir la transparence et le contrôle.

Pour rappel, le chef de l’Etat avait laissé entendre qu’ « afin d’assurer les meilleures conditions d’inclusion et de transparence, le FORCE-COVID-19 sera supervisée par un Comité de pilotage qui comprendra des représentants de l’Etat, de l’Assemblée nationale, toutes sensibilités confondues, et de la société civile ».

Le comité de pilotage annoncé par le Président n’a jusque-là pas vu le jour. Pourtant, un tel cadre avec des députés, des opposants, des partisans du pouvoir et des acteurs de la société civile, aurait pu permettre d’éviter le nébuleux qui entoure actuellement la gestion des fonds alloués au FORCE-COVID-19.

Lors de son audience avec le président de la République, le mouvement Y’en a marre avait exprimé l’exigence de transparence qui devait cimenter la suite du processus.

Devant cette situation et en réitérant son engagement total à continuer d’apporter sa contribution citoyenne volontaire et bénévole dans cette lutte, Yen a marre interpelle le président Macky SALL pour que :

-les sénégalais soient édifiés rapidement sur les dépenses déjà engagées concernant l’achat des denrées alimentaires et que la lumière soit faite au plus vite sur la passation des marchés, le choix des prestataires et fournisseurs, les modalités et coûts de transport et le choix des bénéficiaires des denrées alimentaires ;

-le soutien au secteur de la santé à hauteur de 64,4 milliards soit effectif et orienté vers les priorités de la prise en charge définies d’un commun accord avec les acteurs de la santé pour couvrir toutes les dépenses liées à la riposte contre le COVID-19 ;

-dans le respect des principes de bonne gouvernance, les dispositions soient prises pour que l’ensemble des mesures annoncées pour soulager les sénégalais d’ici, notamment les plus vulnérables, et de la diaspora soient bien mises en œuvre en direction des personnes réellement éligibles.

-toutes les dispositions soient prises pour que l’état d’urgence et la loi d’habilitation ne soient des prétextes pour contourner les principes d’éthique, de bonne gouvernance, de redevabilité et de contrôle de l’action publique.

-le comité de pilotage inclusif de la force Covid-19 soit mis en place afin de garantir la transparence et le contrôle de la gestion des fonds dédiés.

-le dialogue soit maintenu afin que les récentes consultations ne soient qu’une simple opération de communication de la présidence ;

-La lutte contre le Covid-19 nécessite un climat de confiance et de sérénité entre les autorités et les populations et, cela passera par la transparence et le respect scrupuleux des règles de bonne gouvernance que seul l’Etat peut garantir.»

IGFM