La deuxième Conférence des Nations unies sur les océans s’est ouverte à Lisbonne pour toute la semaine. Au programme : rencontres entre chefs d’État, manifestations de la société civile et, à la clé, peut-être de plus amples engagements pour protéger les océans.
Poursuivre et mettre en place ce qui est déjà signé, avancer sur le reste. C’est l’objectif de cette conférence de Lisbonne sur les océans, rapporte notre envoyé spécial à Lisbonne, Simon Rozé. La pollution plastique par exemple, et notamment ceux à usage unique, constitue un véritable fléau pour la biodiversité marine. Au rythme actuel, la pollution plastique va tripler d’ici à 2060, à un milliard de tonnes par an, selon un rapport récent de l’OCDE. Leur interdiction a fait l’objet d’un accord de principe lors d’une précédente conférence onusienne, à Nairobi, au printemps dernier. Reste désormais à parvenir jusqu’à un traité. La rencontre de Lisbonne permettra d’avancer.
L’autre sujet qui occupera beaucoup les esprits cette semaine, c’est celui de la surpêche. Fait rare : l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a adopté une résolution pour la limiter il y a une dizaine de jours. Cette conférence devrait normalement continuer sur cette lancée.
Les aires marines protégées, les ressources minières des fonds marins, la conservation et la restauration des écosystèmes marins seront également au programme cette semaine. Un programme dense et ambitieux pour cette conférence qui devra réussir à être un espace dialogue pour aboutir sur un succès. Internationale par définition, la protection des océans nécessite un multilatéralisme fort. Mais les organisateurs sont optimistes : c’est un sujet qui rassemble.
Soigner les mers, une ressource vitale
Il faut dire que l’enjeu est grand : les mers génèrent la moitié de l’oxygène que nous respirons et représentent une source vitale de protéines pour le quotidien de milliards de personnes. L’océan joue par ailleurs un rôle clé pour la vie sur Terre en mitigeant les impacts du changement climatique.
Mais le coût en est considérable. En absorbant environ un quart de la pollution au CO2, alors même que les émissions ont augmenté de 50% au cours des 60 dernières années, la mer est devenue plus acide, déstabilisant les chaînes alimentaires aquatiques et réduisant sa capacité à capter toujours plus de gaz carbonique. Et, en résorbant plus de 90% de l’excès de chaleur provoqué par le réchauffement climatique, l’océan subit de puissantes vagues de chaleur marine qui détruisent de précieux récifs coralliens et les zones mortes privées d’oxygène se répandent.
Ocean Alive, une coopérative « gardienne » de la mer
Avec notre correspondante à Lisbonne, Marie-Line Darcy
La coopérative Ocean Alive travaille auprès des communautés de pêcheurs de l’estuaire du Sado, à 50 kilomètres de Lisbonne. Elle mène des actions très ciblées, comme celle qui concerne les ramasseurs de coquillages. Ils utilisent du sel pour faire remonter les bivalves à la surface. « Le problème, ce sont les emballages de plastique, souligne Raquel Gaspar, biologiste, cofondatrice d’Ocean Alive. Les ramasseurs de coquillages les laissent sur le sable, et en grande quantité. Une mauvaise habitude déjà très ancienne. Et parallèlement, nous faisons tous les mois avec des volontaires le nettoyage des rives de l’estuaire. Nous cherchons à promouvoir cette idée auprès des communautés de pêcheurs que l’estuaire, c’est l’affaire de tous et qu’il doit être propre. »
Ocean Alive a aussi créé le statut de gardienne de la mer, des femmes de pêcheurs qui s’impliquent dans leur communauté pour la préservation des prairies marines. La coopérative Ocean Alive participera à la marche bleue des ONG, prévue le 29 juin à Lisbonne, en marge de la conférence sur les océans.