Depuis 4 mois, l’école Sénégalaise va mal. Les grèves se répètent chez les enseignants. La crise va chaque semaine crescendo. Le programme enseignement-apprentissage dans les classes sera forcément escamoté et le quantum horaire absolument chahuté. Et au-delà, ce lycéen qui a été blessé à l’œil à Thiès, ces grenades lacrymogènes jetées dans des écoles à Dakar et à Mbacké, ces enseignants gazés, battus et humiliés à Ziguinchor, ces distorsions ayant parfois occasionné des engueulades entre collègues enseignants grévistes et enseignants » défaillants » au niveau de plusieurs établissements… Les dégâts vont être énormes surtout au niveau des élèves.
Au Sénégal, on le sait déjà, le niveau des élèves péréclite chaque année un peu plus. Tantôt, c’est le niveau des enseignants qui est pointé du doigt, tantôt c’est la récurrence des grèves qui est soupçonnée. La responsabilité de cet état de fait ( à la limite dramatique) est partagée selon les observateurs, entre l’État qui ne respecte pas ses engagements et les enseignants dont les ambitions frôlent la cupidité, parfois.
Bref, dans ce circuit infernal, il y a l’élève qui passe le plus clair de sa journée à se pavaner dans les rues ou à inonder les salles de jeux.
Et comme il faut plus que jamais trouver une solution pour mettre un terme à la grève, l’on se demande si le Gouvernement ne va pas changer de grille de lecture.
PONCTIONS SANS COMPLAISANCE
Certains enseignants interrogés sont clairs dans leurs réponses. Les ponctions sur salaires sont les mesures actuellement les moins redoutées. D’ailleurs, depuis que l’État a commencé timidement à le faire, beaucoup d’enseignants qui préféreraient encore se présenter dans les classes, ont rejoint leurs collègues dans la rue.. Jadis, il suffisait de brandir la menace de ponctions pour voir une grande partie reprendre le chemin de l’école. Aujourd’hui, lors de leur marche à Diourbel, plusieurs d’entre eux se sont juré fidélité, solidarité et endurance. Sentir à leurs côtés des parents d’élèves et des élèves leur a été, ont-ils dit à Dakaractu, très » réconfortant ».
RADIATION ET RE-RECRUTEMENT
Des mesures » annoncées par le ministre Serigne Mbaye Thiam lors de sa conférence de presse, qui a dû visiblement, changer d’objet avec l’annonce maladroite de la suspension du mot d’ordre de grève par quatre syndicats du G6… Après le communiqué très sérieux de Seydou Guèye, les enseignants disent entrevoir une menace de radiation. Mais l’État ira-t-il jusqu’à prendre la décision extrême ?
Pour beaucoup, oui! L’an dernier, l’on se rappelle que les enseignants grévistes étaient tout prêts d’aborder le dernier virage qui mène au chômage. C’est d’ailleurs la médiation de Touba et de Cheikh Bassirou Mbacké qui avait réussi à estomper le bras de fer. L’histoire retient que c’est en cascade que la délégation de Syndicalistes avaient rallié Guédé sous la conduite du médiateur de la République, Me Alioune Badara Cissé.
Selon un ancien Sg de syndicat qui préféré garder l’anonymat, » radier un professeur de collège ou de lycée, cumuler les cours chez ses collègues non grévistes, le temps de recruter des étudiants et autres diplômés sans travail, est bien possible. Toutefois, la parade est moins aisée au niveau de l’élémentaire du fait que chaque enseignant gère au moins une classe de 60 élèves minimum. » Notre interlocuteur de se montrer pessimiste : » l’État n’est pas dans la dynamique de céder. Les enseignants, non plus. Les religieux désormais réfléchiront davantage avant de chercher à jouer les sapeurs pompiers par peur d’échouer. »
dakaractu