Endeuillé par la disparition de son leader Balla Sidibé, le groupe afro-cubain, plusieurs fois porté disparu, réédite l’excellent “Specialist in All Styles”. Retour en cinq morceaux sur une résurrection sans fin.
Sorti en 2002 à l’origine et aujourd’hui édité pour la première fois en vinyle, Specialist in All Styles est pour l’Orchestra Baobab l’album de l’éternelle résurrection : celle d’un Groupe sénégalais de légende coulé par le m’balax au milieu des années 80, rené quinze ans plus tard, et qui aura survécu aux traversées du désert, au Covid et même, probablement, à la mort de son leader, le regretté Balla Sidibé, le 29 juillet dernier. Si bien que cinquante ans après sa formation sur la scène du club éponyme à Dakar, où sa fusion afro-latine a fait guincher toute l’élite du pays, le « Bao » est toujours debout.
« Le Baobab, ce n’est pas un, mais plusieurs chanteurs d’exception issus d’ethnies différentes, des fortes personnalités qui ont créé, dans le melting pot d’une ville portuaire, un son syncrétique unique, à la fois cubain, mandingue, wolof, porté par un swing fluide et une section rythmique de rêve », résume le producteur anglais Nick Gold. L’artisan de sa renaissance, c’est lui, un expert en musiciens vétérans, qui avait déjà joué les bonnes fées pour le Buena Vista Social Club.
Tombé par hasard sur une compilation, le patron du label World Circuit n’a eu de cesse par la suite de reformer l’orchestre. « Pendant des mois, nous nous sommes écrit des lettres (de vraies lettres !) avec Balla Sidibé, mais je n’ai pas eu besoin de beaucoup le forcer. » Depuis, le producteur a édité quatre albums et n’exclut pas d’en sortir un autre à l’avenir. Avec lui, nous avons remonté le fil de cette épopée hors normes, en cinq chansons culte, qui disent mieux que les mots le pouvoir sorcier du Baobab.