Pourquoi Airbus supprime des emplois

3600 suppressions d’emplois pourraient être annoncées aujourd’hui par Airbus, lors d’un comité social européen qui se tient à Toulouse.

Le carnet de commande de l’avionneur européen est pourtant bien rempli. Avec 7000 appareils commandés, il y a de quoi faire tourner les usines pendant neuf ans. Par ailleurs les perspectives financières du groupe sont excellentes: son bénéfice net a triplé en 2017 par rapport à 2016, et depuis le début de l’année son action est devenue la plus dynamique du CAC 40 avec une hausse de 14%. Mais dans ce ciel quasiment sans nuages, deux programmes prometteurs restent cloués au sol : celui de l’A380, le gros porteur et celui de l’A400M, l’appareil de ravitaillement militaire.

Airbus veut donc sabrer des emplois dans les sites qui fabriquent ces deux avions

Pour ralentir la cadence de production. La meilleure solution pour éviter une fermeture brutale des usines une fois les trop rares commandes livrées et donc l’enterrement précipité de deux avions dont les ventes pourraient se redresser d’ici quelques années. La production de l’A380 était de 30 unités en 2012, elle pourrait tomber à 6 en 2020. Ce sera précisé au cours du comité qui se tient ce mercredi. Le gros porteur que tout le monde trouve formidable mais que personne n’achète, trop cher disent certaines compagnies, ne doit sa survie qu’à la commande ferme d’une vingtaine d’appareils signée par Emirates au mois de janvier.

Toutes les usines du groupe sont concernées ?

Les usines françaises devraient être épargnées, celles qui fournissaient des pièces pour l’A380 ont déjà été reconverties vers des productions plus demandées. En revanche deux sites allemands vont en faire les frais. Le porte-parole du ministre allemand de l’Economie s’en inquiète. Le site espagnol de Séville spécialisé sur l’A400M ainsi que le site de Filton au Royaume Uni, qui fabrique les ailes de cet avion militaire, pourraient aussi être affectés par les suppressions de postes annoncées. Quand Airbus dégraisse, c’est avec beaucoup de précaution, en favorisant la mobilité interne, les départs à la retraite et bien sûr en commençant par se séparer des plus précaires, c’est-à-dire les intérimaires surreprésentés dans les usines allemandes du groupe.

Les usines britanniques d’Airbus redoutent aussi les conséquences du brexit

La direction britannique d’Airbus a jeté un froid en début de semaine en s’interrogeant publiquement sur le maintien de ses usines de Filton et de Broughton. La production pourrait être délocalisée si les complications administratives, douanières induites par la sortie du Royaume Uni mettent en péril sa chaîne de production. Ce sujet n’est pas à l’ordre du jour du comité européen mais il sera sans doute discuté dans les coulisses. Car le temps presse. C’est dans un an que le Royaume Uni tire sa révérence de l’Union européenne et la période de transition parait encore bien floue. Airbus n’attendra pas de voir les pièces détachées bloquées dans les ports britanniques et ses sites continentaux à l’arrêt pour agir. La direction britannique du constructeur aéronautique exige une clarification rapide de la part du gouvernement. En attendant, les usines britanniques vont mettre les bouchées doubles pour constituer des stocks afin d’aborder la transition dans les meilleures conditions possibles.

►En bref,

Brexit encore avec le discours très attendu de Donald Tusk au Luxembourg

Le président du Conseil va clarifier la position de l’Europe sur l’avenir des relations commerciales entre Londres et les 27. L’accès au marché financier est l’un des aspects cruciaux. Pour Paris, pas question de l’inclure dans un futur accord de libre échange.

La Commission européenne examine ce mercredi les mesures de rétorsion envisagées pour riposter à l’offensive protectionniste de Donald Trump.

La liste des produits susceptibles d’être taxés davantage aux frontières sera présentée mais pas encore actée. Pas question de passer aux représailles tant que la Maison Blanche n’a pas publié ses décrets pour taxer l’acier et l’aluminium. Après la démission de Gary Cohn ce sera en quelque sorte une nouvelle pression pour tenter de stopper le président américain. Le départ du conseiller économique de Donald Trump a fait chuter la bourse de Tokyo qui a terminé la séance sur une baisse de 0,77%.

 

rfi