Selon le professeur Ibou Sané, l’officialisation des deux grandes alliances politiques de l’opposition : «Yewi askan wi » et la coalition du Pds avec Crd et Jotna composées des ennemis d’hier en perspectives des prochaines élections locales est une confirmation que le Sénégal est un pays de paradoxes et de contradictions avec un jeu politique flou. Interpellé par la rédaction de Sud quotidien hier, vendredi 10 septembre, l’enseignant chercheur en Sociologie politique à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis est également revenu sur les raisons du refus du Pds d’intégrer la coalition «Yewi askan wi» mais aussi sur les enjeux des prochaines locales pour l’opposition.
«Il faut reconnaitre que depuis très longtemps, l’idéologie a disparue au Sénégal. Désormais, les Libéraux et Socialistes travaillent la main dans la main en essayant de mettre en forme un dispositif qui permettrait au pays de se développer. Chose impassable en Europe où l’idéologie fonctionne toujours. Vous ne verrez jamais là-bas un libéral travailler avec socialiste vice-versa ou un communiste travailler avec l’un des deux courants, cela n’est pas possible car les idéologies sont liées de père en fils et jusqu’à la mort. Or, en Afrique et au Sénégal en particulier, la politique est un jeu de yoyo où chacun essaie de mettre en place un dispositif qui lui permet d’avoir quelque chose. Résultats : on met de côté des idéologies pour s’engager dans les fourre-tout. Et cette situation confirme d’ailleurs que le Sénégal est un pays de paradoxes et de contradictions avec un jeu politique flou qui fait que les populations risquent de rien comprendre. C’est d’ailleurs ce qui explique la situation que nous assistons actuellement avec ces coalitions composées le plus souvent par des ennemis avec seulement comme objectif contrôler le maximum de municipalités mais aussi gagner le plus grand nombre de voix aux prochaines législatives en vue de la prochaine présidentielle parce qu’ils estiment que c’est le moment d’enclencher le processus pour faire tomber le président Macky Sall et son régime».
«LES INITIATEURS DE CETTE COALITION (YEWWI ASKAN WI, NDLR) ONT ESSAYÉ DE CONTOURNER LE PDS EN ESSAYANT DE FAIRE EN SORTE QU’ELLE NE SOIT PAS LA LOCOMOTIVE»
« L’opposition aurait du former un seul grand bloc autour du Parti démocratique sénégalais (Pds). Car, cette formation est un vieux parti, implanté jusque dans les coins les plus reculés du Sénégal de même que le Ps. La coalition de l’opposition (Yewwi Askan Yi, Ndlr) devait donc, théoriquement tournée autour de cette formation libérale. Malheureusement, les initiateurs de cette coalition ont essayé de le contourner en essayant de faire en sorte que la locomotive de cette coalition ne soit pas le Pds et c’est ce qui a amené à l’éclatement de la grande coalition de l’opposition. Et c’est vraiment dommage puisque beaucoup de partis qui sont dans cette coalition de l’opposition ne sont rien d’autres que des partis «yobaléma» qui ne représentent pas grande chose, électoralement».
«SI BENNO BOKK YAKAAR CONSERVE SON UNITÉ, L’OPPOSITION N’AURA AUCUNE CHANCE»
«C’est la première fois en Afrique qu’on voit une coalition restée aussi longtemps ensemble malgré les problèmes du pays, les divergences internes. Partant de ce fait, je ne vois pas comment ces coalitions de l’opposition pourraient vaincre Bby. A mon avis, seules les divisions au moment les investitures pourraient amener la défaite de la majorité en place. Si Bby rate les investitures en créant des tensions et conflits, dans ce cas, les coalitions de l’opposition pourraient jubiler puisqu’elles auront de la matière à tordre. Mais, si Bby conserve son unité, l’opposition n’aura aucune chance». Car, les coalitions sont constituées de partis qui n’ont pas encore une bonne assise hormis le Pds et certains ténors.»
SudQuotidien