Un rapport des Nations unies documente les exactions du groupe armé des Forces démocratiques alliées, notamment des centaines d’exécutions sommaires.
Près de 800 civils ont été tués par le groupe armé des Forces démocratiques alliées (ADF) dans l’est de la République démocratique du Congo depuis janvier 2019, selon un rapport des Nations unies publié lundi 6 juillet, qui dénonce de possibles « crimes contre l’humanité et crimes de guerre ».
Entre janvier 2019 et janvier 2020, les enquêteurs Bureau conjoint de l’Homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo ont documenté « les exécutions sommaires d’au moins 496 civils – 142 femmes, 25 enfants et 329 hommes ». 297 autres personnes ont péri de février à juin 2020. Des attaques qui ont notamment touché le territoire de Beni, au Nord-Kivu, et dans les environs d’Irumu et Mambasa, en Ituri.
D’après les Nations unies, « la majorité des victimes ont été tuées à l’arme blanche et par balles » et « des familles entières ont été décimées (…), y compris de très jeunes enfants et des personnes âgées ». L’ensemble des « atteintes aux droits de l’homme » (tueries, enlèvements, pillages, recrutement d’enfants…) attribuables aux ADF ont augmenté de « près de 69 % » par rapport à la même période de l’année précédente, selon le rapport et « pourraient constituer, par leur nature et leur ampleur, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », ajoute le Bureau.
« Pillage de vivres et de médicaments »
Venus d’Ouganda, les Forces démocratiques alliées (ADF) se sont installés en 1986 dans la région de Beni. Dans les années 2000, les rebelles se sont consacrés à « l’établissement d’un réseau d’affaires avec la République démocratique du Congo et les pays voisins (Burundi, Ouganda, Tanzanie) et des individus au sein des appareils sécuritaires de ces Etats qui leur fournissent armes, munitions et protection en échange d’avantages économiques et financiers provenant des trafics d’or, de bois et de produits agricoles », note le rapport.
Affaiblis par les campagnes militaires menées par l’armée congolaise dans le cadre de l’opération Sukola I en 2014, les ADF se sont réorganisés en s’éparpillant dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri. Dès octobre 2014, ils multiplient les attaques contre les civils, faisant plusieurs centaines de morts.
Les tueries se sont encore intensifiées après « le lancement par l’armée congolaise, à partir du 30 octobre 2019, d’opérations militaires d’envergure contre les ADF », selon le rapport. « La fermeture de certaines bases militaires de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) » a également contribué à cette recrudescence des attaques, reconnaît le BCNUDH, évoquant « le pillage des vivres et des médicaments ».
Les forces de sécurité congolaises ont aussi commis des atteintes aux droits humains, relève l’organe spécialisé, qui a ainsi documenté, du 30 octobre 2019 à la fin du mois de janvier 2020 « les exécutions extrajudiciaires de huit civils (six hommes et deux femmes) par des militaires ».