Le second tour de l’élection présidentielle malgache se tient mercredi 19 décembre. Les deux ex-présidents Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana sont au coude à coude. Ils ont obtenu respectivement 39 et 35% des voix. Et c’est derniers jours, les candidats se sont efforcés à rallier les derniers indécis, les abstentionnistes, puisqu’au premier tour 45% des inscrits ne se sont pas allés voter. Une abstention élevée, notamment chez les jeunes.
A la sortie de cours dans une université privée de la capitale, les étudiants parlent de tout, sauf des élections à venir. Ces dernières ne semblent pas susciter beaucoup d’enthousiasme.
Falintiana, 20 ans, va voter, mais va voter blanc. « Parce que les deux candidats, c’est du pareil au même. Les deux sont corrompus, ils ont déjà été au pouvoir et n’ont rien fait…. » À côté de lui, Tsi est encore indécis. Il a pourtant voté pour un des deux candidats au premier tour. Mais le débat télévisé dimanche dernier entre les deux finalistes l’a déçu. « Ils n’ont pas assez développé leurs programmes et leurs projets d’avenir. Ils sont déjà dans la polémique. D’où mon hésitation. »
Autour d’eux, de nombreux étudiants ne sont même pas inscrits. Tous évoquent le décalage grandissant entre les hommes politiques et les citoyens. « Il y a un problème de renouvellement de la classe politique », estime Jean Cléo, jeune militante d’un parti politique. « Les jeunes en ont marre de la politique à Madagascar, parce que même s’ils veulent s’impliquer, les aînés veulent s’accrocher à leur place. Pourtant, la relève est déjà prête… »
Problème de légitimité
La crainte des analystes politiques est qu’une abstention trop importante pourrait remettre en cause la légitimité du prochain président et replonger le pays dans la crise. Pour Toavina Ralambomahay, les Malgaches éprouvent de plus en plus de lassitude et de désillusion face à des candidats qui offrent peu d’alternatives.
« Le premier paramètre à voir, ça va être le taux de participation. On va voir si ceux qui ne sont pas partisans des deux vont se mobiliser pour voter ou non. Il y a des mouvements, des personnalités qui se sont levées pour dire « nous n’allons pas voter » ou « nous allons voter mais en blanc ou nul« , parce que ce sont des candidats qui sont là depuis au moins 2002, qui ont un passif. On a le souvenir de leur haine et ils ne suscitent pas pour tout le monde un intérêt pour les cinq prochaines années. Ils ne représentent pas le changement. Il est possible que le président soit mal élu, qu’il ait une légitimité faible et une capacité d’action limitée. »