Présidentielle américaine : coup d’envoi de la primaire démocrate

Après plusieurs mois d’une campagne intense, sept débats télévisés et des abandons en cascade, c’est enfin au tour des électeurs démocrates de s’exprimer lundi avec le coup d’envoi dans l’Iowa d’une primaire entourée du plus grand suspense pour choisir celui, ou celle, qui affrontera Donald Trump en novembre.

Sur les onze candidats encore en course pour l’investiture, quatre se plaçaient en tête des sondages ces derniers mois dans l’Iowa.

Le sénateur socialiste Bernie Sanders bénéficie désormais d’une belle avance, suivi par l’ancien vice-président Joe Biden, par le jeune ex-maire Pete Buttigieg et par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren.

La sénatrice modérée Amy Klobuchar, 59 ans, a récemment grimpé dans les intentions de vote.

Le vote lundi soir ne se fera pas par bulletin mais lors d’assemblées d’électeurs, appelées “caucus”, qui se tiendront à partir de 19H00 (01H00 GMT mardi). Dans environ 1.700 salles à travers l’Iowa, chacun se placera sous la bannière du candidat de son choix.

Depuis des mois, candidats comme électeurs appellent avant tout à “battre Trump” le 3 novembre.

Le milliardaire est d’autant plus présent dans cette primaire que se profile son acquittement à Washington, lors du vote final de son procès en destitution mercredi au Sénat.

Et qu’il n’hésite pas à commenter, souvent moqueur, l’état de la course entre ses rivaux potentiels.

“J’ai des petits surnoms pour chacun d’entre eux”, a ironisé Donald Trump dimanche sur la chaîne Fox News. Sanders? “Un communiste”. Biden? “Joe l’endormi”. Quant à Warren, elle ne “sait pas dire la vérité”.

Pas radical
“Tout commence dans l’Iowa”, a lancé aux quatre coins de ce vaste Etat Bernie Sanders, 78 ans, à ses partisans venus nombreux le voir.

Il avait perdu de peu il y a quatre ans ici face à Hillary Clinton et espère cette fois que cet Etat, rural et peu peuplé, lui servira de tremplin.

Il s’appuie pour cela sur les minorités et les jeunes, la génération “la plus progressiste de l’histoire de ce pays”, proclame-t-il.

“Sortez et frappez aux portes” pour motiver les électeurs, a-t-il exhorté, puisque la mobilisation sera clé pour faire la différence face à Biden.

Que les candidats soient âgés, comme Bernie Sanders et Joe Biden (77 ans) ou nouveaux venus, comme Pete Buttigieg, 38 ans, leur message adressé à la base démocrate est qu’ils sont chacun le plus à même de priver le républicain d’un second mandat.

Le plus important est de battre Donald Trump !

Elizabeth Warren, sénatrice progressiste de 70 ans.
A ceux qui s’inquièteraient de sa jeunesse, Pete Buttigieg rappelle Kennedy, Clinton et Obama. “Nous devons avoir le courage d’oublier les politiques du passé”, dit-il.

A l’inverse, Joe Biden propose la stabilité et l’expérience pour tourner la page Trump: “On a besoin d’un président qui sera prêt dès le premier jour”, affirme-t-il.

“Je vous le promets, si vous me soutenez, nous mettrons fin au règne empli de haine et porteur de division de Trump”, a-t-il lancé à quelque 1.100 personnes dimanche soir à Des Moines, la capitale.

Quant à Bernie Sanders, ses partisans réfutent l’idée que son radicalisme soit un obstacle à la victoire en novembre.

Son programme pour lutter contre le changement climatique, la “cupidité” des grandes entreprises ou augmenter le salaire minimum? “Ce n’est pas radical, ça arrive juste à temps”, a lancé sous des cris enthousiastes, une ex-élue devant ses partisans à Iowa City dimanche.

Convaincre les indécis
La fin de campagne dans l’Iowa se joue sur le terrain, presque électeur par électeur. Des milliers de bénévoles ont frappé aux portes, téléphoné et planté des pancartes tout le week-end, dans une douceur inhabituelle pour ce début février qui n’est toutefois pas parvenue à faire fondre toute la neige.

Dans cet Etat, l’essentiel est de faire mieux qu’attendu car l’élan créé par une surprise peut rapporter gros, dès la primaire du New Hampshire huit jours plus tard.

Près de la moitié des électeurs se disaient encore indécis la semaine dernière. Des vétérans du parti s’attendent eux à une mobilisation qui pourrait dépasser le record enregistré en 2008, lorsque Barack Obama avait gagné dans l’Iowa.

Convaincre ceux qui doutent encore: voilà le but ultime des bénévoles dans ces dernières heures.

Venu écouter Amy Klobuchar dimanche soir en pleine finale du Super Bowl, Kim Robinson, 67 ans, fait part de ses hésitations.

Il vient de décider qu’il ne soutiendrait finalement pas Joe Biden, lui préférant Pete Buttigieg. “Mais je pourrais changer pour Amy Klobuchar”, ajoute-t-il en souriant.

“Pour moi, la seule question que je me pose, c’est: “Qui va gagner” contre Donald Trump?