Présidentielle en Colombie: un scrutin serré et à haut risque

Présidentielle en Colombie: un scrutin serré et à haut risque

J-2 avant l’élection présidentielle en Colombie. Pour la première fois dans l’histoire du pays, le second tour se joue sans participation de la droite traditionnelle. Les deux finalistes sont le candidat de gauche, Gustavo Petro et un outsider indépendant, le millionnaire Rodolfo Hernandez qui était encore inconnu du grand public il y a quelques mois.

Chacun des deux candidats dit représenter la rupture avec le système politique traditionnel en Colombie. Les derniers sondages voient Gustavo Petro et Rodolfo Hernandez aux coude-à-coude, entre 46 et 48% des intentions de vote. Mais ces chiffres ont de quoi surprendre. Après le premier tour, tous les analystes politiques colombiens pariaient en effet sur un immense front « anti-Petro ». Mais force est de constater que Rodolfo Hernandez a plus de mal que prévu à incarner cette digue censée empêcher l’arrivée au pouvoir du premier président de gauche de la Colombie.

« Les sondages montrent surtout un nombre très important d’indécis et même d’intentions de voter blanc », constate Yann Basset, professeur en Sciences politique à l’Université du Rosario en Colombie. « C’est la preuve qu’aucune des deux campagnes n’arrivent à convaincre totalement les électeurs des candidats qui ont été éliminés au premier tour, ni ceux qui étaient déjà indécis au premier tour ou qui n’ont pas voté », ajoute-t-il.

« Une campagne sale sans débat d’idées »
Et la campagne de l’entre-deux-tours ne les a probablement pas aidés à y voir plus clair. Le duel des deux finalistes a été avant tout marqué par des coups bas. Des vidéos piratées d’une réunion de l’équipe de Gustavo Petro ont fait scandale. Elles suggèrent que ses proches se sont lancés dans une stratégie de diffamation de ses adversaires, ce qui tranche avec le credo affiché du candidat de gauche de « la politique de l’amour et de l’amour politique ».

De son côté, Rodolfo Hernandez n’a pas fait mieux : l’auto-déclaré champion de la lutte contre la corruption est lui-même empêtré dans une affaire pour laquelle il va devoir comparaître devant la justice en juillet. Tout cela n’inspire guère confiance, estime Yann Basset : « La campagne pour le second tour a été une campagne assez sale, avec beaucoup de coups tordus mais très peu de débats sur le fond, sur les programmes et les idées. C’est quelque chose qui manque beaucoup et qui contribue à cette campagne négative à laquelle on assiste ».
« Les électeurs du centre décideront du vainqueur »
Au bout de trois semaines de campagne, de très nombreux électeurs ne se sentent représentés ni par l’ancien guérilléro converti en social-démocrate Petro, ni par l’entrepreneur millionnaire aux slogans TikTok, Hernandez. Ces Colombiens se retrouvent aujourd’hui devant le choix difficile de devoir voter pour « le moins pire ». « Malheureusement les deux hommes présentent des éléments populistes et démagogues », constate le politologue Sergio Guzman, qui dirige le cabinet de conseil Colombia Risk Analysis à Bogota. « Par conséquent il est très difficile pour les Colombiens – et notamment pour les électeurs du centre qui décideront du vainqueur – de faire un choix entre les deux candidats. Les abstentionnistes, surtout ceux du centre, pourraient présenter un grand désavantage pour Rodolfo Hernandez. Parce que les électeurs de Gustavo Petro sont très déterminés dans leur choix. Ils voteront avec conviction », selon le politologue. rfi

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