Présidentielle malgache: la campagne polluée par des médias parfois partiaux

A Madagascar, la campagne pour le second tour de la présidentielle bat son plein et se joue aussi dans les médias avec des Unes tapageuses et des titres agressifs voire injurieux. En cette période électorale, la majorité des propriétaires des médias ont fait alliance avec l’un ou l’autre candidat. Difficile donc d’avoir accès à une information neutre dans le paysage médiatique actuel.

Au lendemain du débat télévisé entre les deux candidats à la présidentielle, les Unes des quotidiens malgaches consacrent l’un et démolissent l’autre ou inversement, en fonction des titres des journaux. Médiatiquement, cette année électorale se différencie de celle de 2013 par la profusion de nouveaux journaux qui ont vu le jour et par une diffusion de rumeurs et une partialité jamais égalées.

Mirana Razafindrazaka, analyste des médias, pour PEV, un Projet d’appui à la prévention et la gestion de conflits et violences potentiels liés aux élections à Madagascar, financé par l’Union européenne, rappelle le contexte malgache si particulier.

« Le lectorat est conscient que les médias sont partisans, analyse-t-elle. Mais peut-il avoir accès à des informations objectives ? C’est plus difficile dans la mesure où les journalistes de ces médias-là confondent la communication, la publicité et les opinions avec les faits. Pour nous en tant qu’analystes des médias, il nous faut parfois confronter dix journaux pour avoir une information que l’on sait factuelle, véridique et complète ».

Pluralisme ?

Sur la Grande Île, le paysage médiatique est composé de plus de 70 titres de presse, stations de radio ou de télévision. Mais cela ne veut pas dire pour autant « pluralisme », explique l’analyste, car ces médias sont la propriété d’une dizaine de patrons de presse seulement.

« Nous recommandons aux citoyens qui consomment les médias de toujours avoir à l’esprit que les médias généralement appartiennent à des politiciens et que ces politiciens-là soutiennent un candidat, poursuit Mirana Razafindrazaka. C’est compliqué d’avoir une information qui soit vraiment impartiale à partir d’un seul média ».

Pour Mirana Razafindrazaka, l’exception se situe chez les médias communautaires, certainement les plus impartiaux. Mais leur budget de fonctionnement limité ne leur permet pas toujours de donner une information complète.

Enfin, attention à ne pas être leurrés par des Unes et des reportages dithyrambiques ou à l’opposé carrément insultants. « Les médias ne reflètent pas le choix des urnes », rappelle l’analyste. Aujourd’hui, près de 80% des médias sont pro-Andry Rajoelina.

 

 

rfi