En RDC, Félix Tshisekedi avait promis, le 2 mars dernier, de libérer tous les prisonniers politiques dans les 10 jours. Le délai a expiré ce mardi à minuit, sans aucune libération. Cette question des prisonniers politiques devait être réglée depuis décembre 2016 et la signature de l’accord politique de la Saint-Sylvestre. Le nouveau chef de l’Etat congolais a reçu lundi le président du Conseil de suivi de l’accord, qui lui a remis des listes sur lesquels figurent des dizaines de noms. Mais toujours pas de fumée blanche pour ces détenus.
Très peu de prisonniers politiques devraient pouvoir bénéficier de la grâce présidentielle, moins d’une dizaine qui ont été condamnés définitivement, explique le président du Conseil national de suivi de l’accord. Joseph Olenghankoy assure que Felix Tshisekedi devrait signer ces ordonnances dans les prochaines heures, au plus tard jeudi.
Et sur cette liste de grâciés figure, selon lui non seulement les opposants Frank Diongo et Firmin Yangambi, mais aussi Eugène Diomi Ndongala, président du parti Démocratie chrétienne. Eugène Diomi Ndongala avait été arrêté en 2012 pour viol sur mineurs alors qu’il venait de lancer un mouvement en faveur d’Etienne Tshisekedi, un procès politique pour ses partisans… La coalition pro-Kabila s’était jusqu’ici opposée à sa libération, mettant en avant le chef d’accusation.
Mais le sort de plus d’une centaine d’autres prisonniers ne dépend pas que du nouveau chef de l’Etat, il lui faut la coopération du ministre sortant de la Justice, proche de Joseph Kabila, du parquet et même des services pénitentiaires. Et beaucoup ne pourront bénéficier – au mieux – que d’une remise en liberté provisoire.
Sur les listes remises au président figurent les accusés du procès Kamuina Nsapu à Kinshasa – beaucoup sont affiliés à l’UDPS. Mais également des partisans du pasteur Munkungubila, arrêtés après une étrange attaque contre la radio nationale en décembre 2013 ; tous les détenus sans dossier issus des cachots des services secrets ou même des prisonniers grâciés depuis 2014, mais qui n’ont jamais été libérés. « Une cinquantaine de personnes », nous précise Joseph Olenghankoy.