Fin ce vendredi de la troisième semaine du procès de Khalifa Sall à Dakar. La défense du maire de la capitale sénégalaise a demandé l’audition de 20 témoins. Les premiers ont été entendus ce vendredi. Khalifa Sall, soupçonné notamment de détournement de deniers publics, risque une peine de 10 ans de prison s’il est reconnu coupable. L’élu cherche donc à convaincre le tribunal qu’il n’a rien fait d‘illégal, que les fonds qui étaient mis à sa disposition chaque mois, 30 millions de francs CFA, sont des fonds politiques. Pour l’Etat, il y a détournement de deniers publics.
La défense a appelé à la barre des poids lourds de la vie politique locale. Deuxième adjoint au maire de Dakar, Moussa Sy déclare : « Dans mon entendement ce sont des fonds politiques ».
« Avez-vous reçu des enveloppes de cash ? » demande le procureur. « Oui, pour des cérémonies religieuses, des soucis de santé, des concerts, j’ai distribué de l’argent partout au Sénégal ».
Le procureur enchaîne : « Si vous aviez su que les pièces qui justifiaient cet argent étaient fausses, auriez-vous distribué ? » « C’est un gentlemen’s agreement, tout le monde savait, tout le monde a touché » conclu Moussa Sy.
Dans la foulée, Mamadou Diop, alerte malgré ses 82 ans, est entendu. Maire de Dakar entre 1984 et 2002, interrogé par la défense, il affirme à la barre : « Ces fonds politiques, c’est l’histoire du Sénégal, c’est l’histoire de la mairie de Dakar ».
Mamadou Diop décrit la gestion de ces fonds sous les présidents Senghor et Diouf avec qui il a travaillé. Le procureur demande : « Quand vous étiez maire, utilisiez-vous des fausses factures pour décaisser ces fonds ? »
Mamadou Diop répond : « Vous n’avez pas le droit de me parler comme ça. Si on se met à dévoiler la réalité, c’est fini pour la République du Sénégal ».
rfi