Punggye-ri, le site d’essais nucléaires souterrains de la Corée du Nord

Quarante-huit heures après le sommet historique de Panmunjeom, entre les dirigeants nord et sud-coréens, on apprend ce dimanche 29 avril 2018 que le régime de Pyongyang aurait annoncé le démantèlement, le mois prochain en présence d’observateurs étrangers, de son site d’essais nucléaires souterrains de Punggye-ri. Reste à savoir si le site en question est le seul en activité en Corée du Nord. C’est en tout cas le seul connu à ce jour.

C’est un complexe souterrain creusé dans la montagne. Il est donc très difficile à surveiller. Il a été d’ailleurs été pensé pour ça, pour être discret. Mais on sait, grâce aux images satellites, ce qui se passe en surface. Impossible en revanche de contrôler l’activité au jour le jour.

Concrètement, il s’agit d’un système de tunnels percés dans la roche. Une ou plusieurs galerie(s) en cul-de-sac, étayées, renforcées, étanchéifiées. Ce qui permet d’éviter les fuites de substances radioactives. Et lorsque tout est prêt, on place la bombe au fond de l’un de ces tunnels et on la fait exploser.

Tel est le protocole suivi six fois entre 2006 et 2017. Six essais nucléaires sur le site de Punggye-ri en 11 ans. Autant dire que la structure subit des explosions très puissantes, et que ces explosions provoquent des séismes. Le dernier test, en septembre 2017, a été suivi d’une secousse de 6,3 sur l’échelle de Richter.

Etait-ce l’essai de trop ? C’est l’hypothèse des Etats-Unis et de la Chine. Les chercheurs américains et chinois pensent qu’après cette explosion du mois de septembre, le site s’est écroulé sur lui-même. Information néanmoins démentie par Kim Jong-un en personne. L’homme fort du régime de Pyongyang dit qu’il y a encore plusieurs tunnels en état de marche.

Invitation lancée aux experts

Kim Jong-un invite les experts internationaux à se rendre sur place au mois de mai. Pour la communauté internationale, il va falloir s’assurer que Kim Jong-un tienne bel et bien parole. Or, cela ne va pas être une mince affaire, explique Benjamin Hautecouverture, spécialiste de la prolifération nucléaire à la Fondation pour la recherche stratégique.

« Il s’agit de voir sur place que les portails ouverts avec les tunnels qui mènent aux sites souterrains sur lesquels sont produits les essais sont effectivement fermés, qu’il n’y a plus de matériel à l’intérieur pour que ces essais soient réalisés, que des scellés soient mis sur les portes, que des caméras soient installées et que les inspecteurs, si possible de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), puissent avoir, par ces images, un accès permanent sur place. »

Le chercheur estime par ailleurs que si la fermeture de Punggye-ri est une chose, le programme nucléaire nord-coréen ne s’arrête pas à ce seul site. « Encore une fois, on ne parle que du site d’essais. Il est important de noter qu’il y a par ailleurs plus de 21 sites liés au programme nucléaire et en particulier onze sites, dont le centre nucléaire de Yongbyang qui, eux, concentrent toute la recherche nucléaire. Et c’est cela qu’il faut fermer et garantir. »

Reste donc à voir cependant si le numéro un nord-coréen entend véritablement débarrasser la péninsule coréenne de l’arme nucléaire, comme il l’a dit.

rfi