Qatar: face au coronavirus, les travailleurs étrangers toujours plus vulnérables

En pleine pandémie de coronavirus, des groupes de défense des droits humains appellent les six monarchies du Golfe à agir, notamment en faveur des travailleurs migrants en situation irrégulière. Coup de projecteur sur le Qatar, petit émirat gazier qui déploie d’importants moyens afin de limiter la propagation du Covid-19.

Le Qatar a souvent été critiqué pour les conditions de vie et de travail réservées aux étrangers. D’ailleurs, les premières victimes du coronavirus dans l’émirat sont toutes étrangères. Désormais, des mesures sont prises aussi bien pour les nationaux que pour les deux millions de travailleurs étrangers.
Les vieilles habitudes persistent, la situation sanitaire empire

Les rassemblements publics sont formellement interdits mais les Qatariens peuvent encore se déplacer librement. Pour protéger sa population, le riche émirat a mis la main à la poche, raconte depuis la capitale Doha Jawaher Al Mir, une jeune étudiante, contactée par Sami Boukhelifa:

« Tout l’enseignement se fait désormais en ligne, aussi bien pour les élèves du primaire que pour les étudiants à l’université. Les autorités ont offert des ordinateurs et des tablettes à tous ceux qui en avaient besoin, surtout les familles nombreuses avec cinq ou six enfants. »

Les entreprises qui le peuvent sont également passées au télétravail. Pourtant, malgré cela les Qatariens ont du mal à changer leurs habitudes, regrette la jeune fille :

« La situation ne fait qu’empirer parce que les gens continuent de se voir. Tous les soirs, les hommes se donnent rendez-vous dans les majlis pour prendre un café. C’est une sorte d’assemblée où se retrouvent les hommes. Et il y a un majliss dans chaque maison, on ne peut pas les contrôler une par une. »

Les ONG appellent à lever le blocage des appels par internet

Cette situation représente clairement un danger, s’alarme Jawaher, Tout comme les rassemblements quotidiens des travailleurs étrangers, qui vivent en périphérie de Doha. Mais là, les autorités ont fait preuve de plus de fermeté.

« Des drones survolent les quartiers ouvriers et diffusent des messages dans différentes langues, ils leur disent : restez chez vous, restez à l’abri ! Les autorités leur distribuent également des gants et des masques », nous explique encore l’étudiante.

Les deux millions d’ouvriers étrangers du Qatar viennent majoritairement du Pakistan, du Népal et du Bengladesh. Ils participent à la construction des infrastructures de la Coupe du monde de football, prévue en 2022, et aussi désormais à un hôpital de campagne censé les accueillir durant l’épidémie.

Mercredi 8 avril, Human Rights Watch et 28 autres ONG ont appelé les Emirats arabes unis, Oman et le Qatar à cesser le blocage des appels par internet, pour permettre à leurs travailleurs étrangers de rester en contacts avec leurs familles durant cette période de pandémie de coronavirus. Certaines applications sont temporairement accessibles, mais les populaires FaceTime, Skype et Whatsapp restent bloquées.

RFI