Drôle de pays que le Sénégal, un pays où on trouve le plus grand nombre de marabouts au kilomètre carré, bien plus que dans n’importe quel autre pays au monde. Il suffit de faire un tour des sites internet et même de certaines zones urbaines pour se rendre compte du taux élevé de faiseurs de miracles quotidiens.
On ne va même pas citer le nombres de personnes qui se shootent au safara pour réussir à un examen , ou les travailleurs au rein chargés de gris-gris afin de conjurer le mauvais sort et aussi, pour l’essentiel , l’assurance d’être aimé et d’obtenir une promotion.
Et tenez vous bien, si vous demandez aux gens l’efficacité de ces pratiques, ils vous répondront : « fi dée kou beurewoul, niit ngi daanou sa kaw » en d’autres termes celui qui n’a pas de protection mystique se fera avoir irrémédiablement. Du sommet de la pyramide sociale à la base, c’est les mêmes pratiques, personne n’y échappant.
L’irrationnel, c’est de voir une personne mettre de coté son intelligence, pour aller voir un charlatan qui lui assurera réussite et gloire contre espèces sonnantes et trébuchantes. Ce qui est le plus délirant dans tout ceci, c’est de voir de voir les charlatans trouver un bouc émissaire au malheur d’un client en indexant ses parents ou son entourage, ce qui fait que personne ne fait plus confiance en personne, et les chambres de charlatans sont les plus grands lieux de complots familiaux, chacun cherchant à détruire l’autre. Et à ce jeu le plus grand gagnant est le charlatan et le perdant le client, car il verra sa famille disloquée.
L’équipe nationale du Sénégal est une illustration parfaite de notre propension à indexer le mysticisme comme cause de nos échecs répétitifs. Et Dieu sait qu’il ne manque pas de marabouts payés aux frais du contribuable, traités comme des princes, qui s’occupent de la partie mystique ( lors du mondial russe passé on a vu un charlatan sénégalais dans les tribunes ) mais rien, nada aucune coupe glanée pour l’équipe nationale de football du Sénégal toutes catégories confondues. À croire que nos gris-gris et autres n’ont d’effets qu’au Sénégal.
Dans un autre registre, tout échec est mesuré à l’aune d’un mauvais sort, ce qui fait que nos sœurs aux mauvais caractères et acariâtre comme une chèvre indexent le « farou rap » comme cause de leurs célibats et pour les jeunes n’ayant pas mis assez de sérieux dans les études ou dans leurs travaux pointent du doigt le mauvais sort ou Dieu, comme cause de leurs déboires et donc rien de mieux qu’un tour chez le mara pour se faire prendre en charge et réussir. Et même le président s’y met avec la prière des maras afin de se faire réélire alors qu’une bonne gestion de la cité aurait suffi comme gage de sa réélection.
Ainsi on voit qu’au Sénégal personne n’est responsable de ce qui lui arrive, on préfère reposer tout nos échecs sur les autres ou compter notre réussite sur le surnaturel. Donc on se demande avec tout ce que l’état investit dans l’éducation (un tiers, on dit), comment peut on avoir un peuple si irrationnel, un peuple qui n’accepte pas jusqu’à présent de rentrer dans l’histoire en prenant ses responsabilités à deux mains. Le développement est d’abord mental avant d’être matériel, ce qui est tout le contraire de ce qu’on voit ici. Sacrés sénégalais