Après le forcing du troisième mandat en Côte d’ivoire et en Guinée avec, en toile de fond, beaucoup de violences et de morts, la République centrafricaine (Rca) et la République démocratique du Congo (Rdc) offrent des spectacles désolants de recul démocratique.
En Rca, le Président Touadéra fait actuellement face à une coalition de rebelles qui serait en accointance avec l’ancien Président Bozizé de retour au pays, disqualifié du jeu électoral prévu ce dimanche.
Il y aurait eu une tentative de marcher sur Bangui de la part de groupes armés qui tiennent, vaille que vaille, à empêcher le déroulement du scrutin présidentiel.
La Munisca et les forces armées du pays se mobilisent pour apporter la riposte dans un pays où pratiquement 80% du territoire est sous le contrôle de mouvements rebelles épars.
Les Nations-Unies sont aujourd’hui très inquiètent. Mankeur Ndiaye, l’Envoyé spécial de l’Onu, ne cesse de le répéter.
En Rdc, c’est un coup d’état constitutionnel qui est tenté par un Président de la République qui a rompu le pacte politique qui lui a permis de se hisser au pouvoir.
Kabila, ne voulant pas céder à la tentation des modifications constitutionnelles, a fait confiance à Tshisekedi qui, aujourd’hui, lui tourne le dos en faisant transhumer les députés de son ex-allié qui sont largement majoritaires à l’Assemblée.
Il impose ainsi une cohabitation mais selon des méthodes non-conventionnelles avec la nomination d’un réformateur dont l’objectif est en réalité de changer la physionomie de l’Assemblée telle qu’imposée par le peuple. Il s’agit en clair, de faire basculer des élus dans le giron politique du Président.
Et ces pays cités ne sont pas les seuls à opérer des activités de recul démocratique afin d’annihiler tous les efforts de pacification de leurs pays.
En Guinée Bissau, l’ancien Président de l’Assemblée nationale arrivé en second à la dernière présidentielle a été obligé de s’exiler au Portugal. Il est sous la menace de poursuites judiciaires comme l’est Guillaume Soro qui avait pourtant accompagné et aidé le Président Ouattara aujourd’hui son bourreau.
Ailleurs, Déby se fait appeler Maréchal et réduit son opposition à sa plus simple expression, exactement comme au Sénégal où on agite la question du troisième mandat, la suppression des villes et le fait pour le président de la République de pouvoir décider de l’état d’urgence et de l’état de siège sans passer par l’Assemblée.
Au Mali, c’est le retour des coups d’Etat avec des militaires qui ont su s’adapter par des méthodes soft qui ont pris tout le monde de cours avec cependant le même objectif : mettre la main sur le pouvoir.
Ii est inutile de citer les cas du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, etc. où ce sont des dynasties qui y règnent depuis belle lurette.
En clair, l’Afrique, à quelques exceptions près, semble être réfractaire à la démocratie.
De l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique de l’Est en passant par l’Afrique centrale, on applique les gestes barrières contre la démocratie. Chaque président qui arrive au pouvoir ou qui y est resté depuis plus de vingt ans, fait tout pour le conserver.
Depuis le discours de la Baule en 1981, les choses semblaient pourtant bouger dans le bon sens. L’apprentissage de la démocratie est oblitéré par la propension de nos dirigeants et parfois de leurs oppositions armées ou non de faire échouer les expériences démocratiques et de faire verser leurs pays dans l’instabilité chronique.
Dans beaucoup de pays, les régimes tiennent parce que les troupes des Nations-Unies sont là ou, parfois, celles de la Cedeao comme en Guinée-Bissau.
Au lieu d’avancer sur le chemin de la démocratisation en dépassant une fois pour toute, ces débats sur le troisième mandat, le fichier électoral, la cartographie électorale, l’Afrique refuse la démocratie et partant, le développement.
Car, aucun pays du continent ne sortira la tête de l’eau dans une instabilité institutionnelle et sociale.