Alors que les habitants de Kishishe, ce village de l’est de la République démocratique du Congo, tentent de se remettre du drame du 29 novembre, où de nombreux civils ont été tués dans la zone occupée par le M23, beaucoup ont fui le groupement de Bambo – localité qui regroupe plusieurs villages dont celui de Kishishe. Tous décrivent les difficultés pour ceux restés sur place, sous le joug des groupes armés en présence, l’armée congolaise étant très peu présente dans la zone.
Depuis sa famille d’accueil, Patrick, dont le prénom a été modifié, explique avoir fait plusieurs heures de marche dans les marais et la brousse. Il a soigneusement évité les axes routiers pour échapper au M23 : les rebelles contrôlent depuis fin novembre le groupement de Bambo – qui englobe notamment le village de Kishishe. Mais aussi pour échapper aux autres groupes armés, précise Patrick :
« Ce n’était pas facile pour moi d’évacuer la zone, du fait que la cité était sous occupation du M23, mais aussi le périphérique, qui pouvait servir de voie de sortie pour les civils, qui sont aussi occupés par des mouvements rebelles, comme les FDLR et les maï-maï dans certains axes. Donc si tu échappes au M23, tu risques de te faire braquer, tuer ou assassiner par d’autres groupes armés qui sont dans le périphérique de la zone. »
Avant l’arrivée du M23, le groupement de Bambo était aussi en insécurité, décrit prince Kaboli Kulu, le chef coutumier de la zone. Et depuis fin novembre, la population est prise en otage, explique-t-il.
« Les gens de la population, c’est là où il y a les groupes armés : les FLDR, les maï-maï, etc. Et ils ne collaborent pas avec les M23 alors que c’est eux qui contrôlent la circulation. Donc c’est très difficile de quitter l’agglomération et aller aux champs. On a commencé à enregistrer les gens avec une maladie de la malnutrition. »
Dans cette région, chaque groupe armé se place en défenseur de sa communauté. Un risque de tensions supplémentaires selon plusieurs analystes.