Le 30 mars, le chef de la région séparatiste géorgienne de l’Ossétie du Sud, Anatoly Bibilov, a annoncé vouloir organiser un référendum sur le rattachement à la Russie. Cette annonce fait suite à celle d’autres entités sécessionnistes soutenues par Moscou, celles des soi-disant Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, dans le Donbass, en guerre.
De notre correspondant dans la région,
Ce projet d’unification de l’Ossétie du Sud avec la Russie ressemble à un mouvement coordonné depuis Moscou même si l’intérêt des Russes ne saute pas aux yeux. En ce qui concerne l’Ossétie du Sud, qui a fait de facto sécession d’avec la Géorgie sitôt après la chute de l’URSS, reconnue par Moscou au terme de la guerre russo-géorgienne de 2008, cette annonce risque d’irriter Tbilissi. Et ce, alors que le gouvernement géorgien a choisi de ne pas se joindre aux sanctions occidentales, par prudence.
Une capacité de nuisance dans le Caucase
Deux motivations russes peuvent expliquer cette annonce. Premièrement, il peut s’agir d’étendre le périmètre de la crise en Ukraine, Moscou décidant de montrer sa capacité de nuisance au Caucase. Cela ne coûte quasi rien, Moscou sachant que la Géorgie ne réagira pas sur le terrain.
Deuxièmement, il pourrait s’agir pour Vladimir Poutine de faire croire à son peuple qu’il remporte des victoires, en étendant la taille de la fédération de Russie, en Ukraine, au Caucase. Cela confirmerait que l’armée russe est mal en point en Ukraine et que le Kremlin se cherche des victoires symboliques.
Il peut y avoir une dimension plus idéologique également. Certes, Vladimir Poutine a affirmé que croire à la restauration de l’URSS, c’était ne pas avoir de tête. Mais sur le terrain, c’est bien quelque chose comme cela qui l’anime. Même s’il ne parle pas d’URSS, mais de l’unité de ce qu’il appelle le « monde russe ». Notion vague qui est censée rassembler tantôt les Russes ethniques, tantôt les russophones, tantôt ceux qui ont fait partie de l’URSS.
L’action et l’idéologie promue par la Russie depuis 22 ans, depuis que M. Poutine est président, montre qu’en effet Moscou tente d’imposer son joug au Belarus, qu’elle arrache des provinces aux ex-républiques soviétiques, la Transnistrie à la Moldavie, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie à la Géorgie, les républiques de Donetsk et de Lougansk à l’Ukraine.
De mauvais souvenirs pour la Géorgie
Qu’est-ce que cette annonce du chef de l’Ossétie du Sud signifie pour la Géorgie ? Si ce referendum devait être organisé, même si cette région échappe au contrôle de Tbilissi depuis 30 ans de toute façon, cela voudrait dire que le territoire russe s’étendrait au sud de la chaîne de montagnes du Grand Caucase. Et que les frontières russes ne seraient plus qu’à 75 km de Tbilissi.
Cela viendrait aussi confirmer que la Russie est dans une logique d’agression, politique à ce stade, envers la Géorgie. Depuis quelques semaines, on entend en effet des menaces proférées à demi-mot, que ce soit contre la présence d’un laboratoire biologique américain à Tbilissi ou contre la province autonome de l’Adjarie, sur les bords de la mer Noire.
rfi