La Première ministre Elisabeth Borne dévoilera ce mardi, en fin d’après-midi, les détails de la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron pendant la campagne. Il faut s’attendre à des remous en France dans les prochaines semaines. Le report de l’âge légal de départ à la retraite, qui sera annoncé ce mardi, est déjà contesté par l’ensemble des syndicats qui vont appeler à la mobilisation des salariés. Une bataille dans la rue en perspective pour le gouvernement, mais également au Parlement.
Avant même que l’exécutif annonce sa réforme, on sait déjà ce matin que le gouvernement a topé avec les Républicains. C’était tout l’enjeu des discussions avec les responsables LR menées ces dernières semaines par la Première ministre : parvenir à embarquer les Républicains dans le bateau de la majorité sur ce texte. La raison est simple : sans eux, pas de majorité à l’Assemblée.
Et à en croire les Républicains qui ont échangé ces derniers jours avec Elisabeth Borne, c’est fait, le gouvernement se serait aligné sur ce que propose la droite sénatoriale depuis plusieurs années. « Il n’y a donc aucune raison que nous ne votions pas un texte que nous proposons tous les ans », confie Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR. À savoir le passage de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine qui prévoit une retraite à taux plein après 43 ans de cotisation.
Mais les cadres LR ont fixé plusieurs conditions au gouvernement, notamment la revalorisation des petites pensions à 1200 euros par mois, y compris pour ceux qui sont déjà à la retraite. La majorité compte aussi défendre cette mesure dans le débat parlementaire, selon le député Renaissance Pierre Alexandre Anglade. « Nous sommes là pour améliorer le texte que présentera le gouvernement, explique le parlementaire. Faire en sorte que la revalorisation des petites retraites s’applique aussi à tous ceux qui sont déjà en retraite pourra faire partie des amendements que nous déposerons. »
Le camp présidentiel et une majorité de Républicains devraient donc avancer main dans la main sur cette réforme. Une majorité car certains LR, une petite dizaine, refusent toujours un report de l’âge légal de départ à 64 ans. Les députés de droite doivent se réunir ce mardi soir après les annonces d’Elisabeth Borne pour accorder leurs violons.
Depuis la rentrée, le gouvernement ne cherche même plus à négocier avec l’extrême droite et la gauche. Les deux camps sont radicalement opposés à cette réforme. Et il faut s’attendre à ce qu’ils jouent l’obstruction quand le texte va arriver dans l’hémicycle en février. En déposant quantité d’amendements. Quelle que soit la réforme détaillée ce soir, le Rassemblement National a déjà annoncé la couleur. « C’est un choix de société », reconnaît le vice- Président RN de l’Assemblée Sébastien Chenu. « Nous refusons d’adopter une réforme dont même le COR (Conseil d’orientation des retraites) dit qu’elle n’est pas nécessaire, poursuit le bras-droit de Marine Le Pen à l’Assemblée. Cette réforme est injuste, nous, nous proposons le retour de la retraite à 60 ans. » Un retour en arrière puisque 60 ans était l’âge légal de départ à la retraite en France avant 2010.
La gauche à la recherche du compromis
À gauche, on répète qu’on fera front commun contre cette réforme avec la même revendication qu’à l’extrême droite : un retour à la retraite à 60 ans.
Mais après, quelle durée de cotisation ? Quand on regarde dans le détail, difficile d’y voir clair. Le patron des socialistes, Olivier Faure, prône un retour à la retraite à 60 ans, sans toucher à la durée actuelle de cotisation quand les communistes parlent de 37 années et demie. « Le débat n’est pas encore tranché », bottait en touche Olivier Faure dans les colonnes du journal Libération il y a quelques jours. Et il va aussi falloir que la gauche tranche sur les moyens d’action. Faut-il suivre les syndicats ou faut-il que les partis politiques organisent des manifestations eux-mêmes. La France insoumise est pour. Les écologistes et les socialistes sont contre.
C’est l’heure de vérité pour le gouvernement, mais aussi pour les oppositions qui jouent leur crédibilité avec cette réforme des retraites. rfi