REFUS DU CA D’AUTORISER L’ACHAT PAR LE DG DU PORT D’UN IMMEUBLE… INACHEVÉ : Sur la piste d’un scandale éventé

La presse a révélé hier que le Conseil d’administration du Port de Dakar avait désavoué le directeur général sur deux opérations immobilières dont l’une porte sur 7 milliards de FCFA. A vrai dire, les représentants du contrôle financier (Présidence), de la Primature, du ministère de la Pêche…ont refusé de cautionner un scandale qui ne dit pas son nom. Dans cette affaire, il n’est pas exagéré de dire que la démarche d’Aboubacar Sedikh Bèye a été troublante. Révélations.

La presse a révélé hier que le Conseil d’administration du Port autonome de Dakar(PAD) avait désavoué le directeur général Aboubacar Sedikh Bèye dans le cadre de deux opérations immobilières dont l’une devait porter sur la rondelette somme de 7 milliards de FCfa.
Les représentants du CA ont opposé leur véto face à ce qui ressemble de près à un scandale. Déjà, on se demande même la pertinence de ces achats programmés si on sait que le PAD dispose de 33.000 mètres carrés sur lesquels il peut construire des immeubles. Ensuite, une nébuleuse totale a entouré cette procédure.
Selon les documents obtenus par Libération, c’est le vendeur, agissant comme juge et partie, qui a désigné les…deux experts immobiliers alors que la logique voudrait que ce soit le Port qui le fasse.
Ensuite, le premier expert a estimé la valeur de l’immeuble, à l’état fini, à 2.776.338.126 FCfa. Par ailleurs, il précisait, sur 29 pages, que son rapport avait un caractère provisoire du fait que l’estimation est basée uniquement sur des projections découlant du cahier des charges du projet et de ses spécifications techniques. Le bâtiment étant actuellement inachevé et quasi- ment au stade de gros-œuvres, toute évaluation de travaux à réaliser dans le futur n’est que spéculation.

Deux experts, un même immeuble …inachevé et un écart de plus de 4 milliards de FCfa entre les estimations

Et voilà que le deuxième expert estime l’immeuble, à l’état fini, à 7,1 milliards de FCfa. Les prix appliqués au mètre carré bâti paraissent exorbitants et même déraisonnables au vu des prix en vigueur au Sénégal à savoir prix du m2 carré bâti (Rez de Chaussée au cinquième étage 1.100.000 FCFA/ mètre carré et prix du M2 carré bâti (sous-sol) 900.000 FCfa.
« Les deux experts commis par le vendeur ont donné des prix très controversés : l’un 2,7 milliards de FCfa et l’autre 7.1 milliards de FCfa. Cela pose un problème de crédibilité », assène le Conseil. Malgré ces écarts énormes, pour une même estimation qui porte sur le prix à l’état fini (ce qui n’est pas le cas), le DG du Port a tenté un premier forcing auprès du Conseil qui a refusé de valider l’opération. Il est revenu à la charge, au mépris de toutes les règles de gestion, en affirmant avoir négocié…avec le vendeur une baisse de 1,5 milliard de FCfa sur le prix avancé dans un premier temps.
Le Conseil d’administration a encore dit niet estimant que le Port devrait requérir les services d’un expert immobilier de son choix qui fasse la contre-expertise de l’immeuble en l’état. « Le bâtiment R+5 à l’état actuel est inachevé et son estimation doit être faite sur la base de sa situation réelle actuelle et par un expert immobilier qui a des compétences d’ingénieur Btp qui devra se prononcer sur la solidité des ouvrages et de leurs coûts analytiques », selon le rapport du Conseil d’administration obtenu par Libération.
Ces manœuvres, visant manifestement à enrichir le vendeur, sont d’autant plus troublantes que le Port est en position de force pour la simple et bonne raison que le terrain, objet du Tf 748/DG est sa…propriété et que le vendeur n’aurait, légalement droit qu’à un remboursement de ses impenses.
Dans tous les cas, cette affaire intervient au moment où le Port nage dans des eaux troubles. Selon nos informations, les chargeurs maliens ont quitté le Port de Dakar pour celui d’Abidjan et Grimaldi a fait ses valises. Deux départs qui impacteront négativement sur les objectifs du Terminal Roro.
Nous y reviendrons…

dakaractu