Renouvellement du contrat de Aliou Cissé : l’Etat tient aux verrous

«Chat échaudé craint l’eau froide», dit l’adage. Après les jurisprudences Amara Traoré (blocage des comptes de la FSF) et surtout Guy Stephan qui est reparti à Paris avec un chèque de 100 millions de F CFA suite à son limogeage en 2005, l’Etat du Sénégal qui envisagerait de revaloriser conséquemment les émoluments des membres du staff technique des «Lions» et particulièrement du sélectionneur, Aliou Cissé, faisant de lui, le technicien le mieux payé de l’histoire footballistique du Sénégal, voudrait aussi des garanties pour ne pas tomber dans les mêmes travers.

L a Fédération sénégalaise de football (FSF) entend jouer la continuité avec Aliou Cissé en lui accordant un nouveau bail de deux ans à la tête de l’équipe nationale de football. Le contrat de l’ancien capitaine des Lions de 2002, prend fin le 5 mars 2019. Et sauf virement de dernière minute, l’Etat du Sénégal via le département des sports, devrait accéder à cette demande.

Mieux, comme Sud Quotidien l’avait écrit dans sa livraison du mercredi 28 novembre, l’Etat du Sénégal serait même disposé à revaloriser le salaire d’Aliou Cissé, en l’alignant à celui d’Alain Giresse qui percevait 13 millions nets (plus un appartement et un véhicule).

Mieux, selon certaines indiscrétions, les services de Matar Bâ pourraient même élever la barre à 15 millions F CFA. Ce qui serait inédit pour un technicien sur le banc des «Lions». Ce nouveau bail de deux ans supplémentaires offrirait à Aliou Cissé, une longévité sur le banc de l’équipe nationale jamais égalée de 1960 à nos jours.

Toutefois, l’Etat qui est le tierspayant ne l’attend pas signer sans des garanties. «Au département des Sports, nous n’avons pas encore reçu de dossier relatif à la prorogation du contrat du sélectionneur. Mais, il ne fait l’ombre d’aucun doute que nous allons vers ça. D’autant plus que nous sommes en train d’étudier la revalorisation salariale de tous les membres du staff technique», confie une source digne de foi.

Mais, notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat s’est empressé d’ajouter : «le renouvellement du contrat ne peut se faire sans des verrous. La Fédération sénégalaise de football a assigné à Cissé comme mission de remporter le trophée continental en 2019.

C’est le vœu de tous les Sénégalais. Nous allons mettre tous les atouts de notre coté pour mettre l’équipe et le staff technique dans des conditions de performances optimales. Pour autant, nous devons aussi parer à toutes éventualités. Autrement dit, il faut des verrous en cas de non atteinte de l’objectif par exemple».

LES JURISPRUDENCES GUY STEPHAN ET AMARA TRAORÉ

Sans vouloir être l’oiseau de mauvais augure, nous nous permettons de rappeler les précédents plus ou moins difficiles dont la Fédération sénégalaise de football avait été confrontée. D’abord Stephan I. L’actuel adjoint de Didier Deschamps (coach des Bleus) avait paraphé un contrat le 25 janvier 2003 avec la FSF alors présidée par Feu Saïd Fakhry.

Au lendemain de la CAN 2004 où les Lions s’étaient perdus dans un épais brouillard de Radès, le comité directeur d’alors avait demandé à l’Etat, la libération du technicien français pour «insuffisances de résultats et des objectifs non atteints», sans pour autant penser au chèque qui attendait Guy Stephan.

Le lendemain, le 15 mars 2004, après plus de 19 heures de réunion, le CD fait volteface et demande à l’Etat la poursuite de la collaboration. La réalité de ce revirement était que Youssoupha Ndiaye, tout puissant ministre d’Etat et ministre des Sports, leur avait fait part des risques de cette rupture.

Financièrement surtout ! C’est ainsi que Stephan II sera lancé au stade de Roudourou face à l’EA Guingamp battu par les Lions grâce à Diomansy Kamara. Il prendra fin les 22, 23, 24 juin 2005, au lendemain de l’élimination du Sénégal par le Togo d’Emmanuel Adebayor, sur la pelouse du stade Senghor, suite à un match nul défaite (2-2). Youssoupha Ndiaye, Saïd Fakhry et Guy Stephan seront contraints à la démission. Mais, le Français va négocier dur pour repartir dans son pays avec un chèque de 100 millions F CFA.

En 2012, Amara Traoré, suite au bide de Bata, refuse lui aussi, de rendre le tablier, nonobstant la volonté clairement exprimée de l’équipe fédérale dirigée par Me Augustin Senghor, suite aux élections d’octobre 2009, mettant fin à la cooptation. Le bras de fer atterrit devant les tribunaux sénégalais et aboutit au blocage des comptes de la FSF.

On connaît la suite. Fort de ces jurisprudences, l’Etat penserait à mettre des gardes de fou en demandant à la FSF, si elle n’y songe pas, d’introduire une clause de rupture de contrat au cas où le trophée continental ne rentrerait pas à Dakar au soir du 13 juillet 2019.