«Reprendre les classes en début juin est le scénario le plus probable»

Le démenti est formel. Suspendus depuis le 16 mars dernier, pour limiter la propagation du Covid-19, le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, dément toute information faisant état de la reprise des cours ce 4 mai 2020. Contacté par L’Observateur, Mamadou Talla qualifie d’intox la note qui a circulé hier mardi dans les réseaux sociaux. Il annonce, dans la foulée, une plainte contre X. Non sans faire savoir que les acteurs travaillent sur différents scénarios pour la reprise des cours et le plus probable c’est en début juin.

Monsieur le ministre, un communiqué annonçant la reprise des cours le 4 mai prochain, circule dans les réseaux sociaux. Qu’en est-il exactement du document ?

C’est un faux document et nous allons porter plainte contre X. Ceux qui sont à l’origine du document ont modifié une note adressée aux Inspecteurs d’académie. Dans cette note, on leur disait : ‘’On a remarqué qu’il y a des élèves qui viennent à l’école récupérer des exercices, qu’ils arrêtent, parce que les cours sont suspendus. Les élèves doivent rester à la maison». Ils ont repris ce communiqué et l’ont modifié pour dire que les cours vont reprendre ce 4 mai 2020.

Mais qui a intérêt à faire cela ?

Pour ce qu’on en a compris, comme ils ont pris un communiqué de la direction de l’enseignement privé, nous avons supposé que ces gens qui sont dans cette division, souhaitent que les cours reprennent pour que les parents d’élèves recommencent à payer. Mais ce sont des suppositions seulement. Pour le moment, on ne sait pas exactement d’où vient cette fausse note. Nous avons fait des démentis et nous allons porter plainte.

Est-ce que vous êtes en train de travailler sur la reprise ?

Comme on ne connait pas encore la fin de cette crise, qui évolue de jour en jour, on travaille sur des schémas. Quand le chef de l’Etat avait décidé la fermeture des écoles pour trois semaines, on avait fait le suivi. Ensuite, il y a une prolongation jusqu’au 4 mai. Aujourd’hui, vu la situation, on travaille sur trois scénarios de reprise des cours. Mais le scénario le plus probable pour la reprise des enseignements c’est en début juin. Donc, reprendre les classes en début juin reste le scénario le plus probable.

Quels sont les autres scénarios ?

Nous sommes dans de larges concertations avec tous les acteurs de l’éducation (syndicats, parents d’élèves, société civile…) et ils nous ont envoyé leurs suggestions. Certains disent qu’il faut privilégier les classes d’examen. Ils proposent de reprendre en fin mai, uniquement pour les classes d’examen et que les cours se poursuivent jusqu’au 31 août, comme l’année n’a pas été très perturbée. Si on reprenait début juin pour faire cours jusqu’au 31 juillet, on aurait atteint notre quantum et on pourrait faire les examens début août. D’autres disent qu’après la reprise, il faudra continuer les cours jusqu’en fin août et faire les examens en octobre. Ce qui est constant, c’est que l’ensemble des acteurs de l’éducation sont dans une dynamique que l’année devrait être validée.

Donc, l’année ne sera pas perdue ?

Non, il n’y aura ni année blanche ni d’année invalide. C’est ce qui est le plus constant. Et tous les acteurs travaillent pour que l’année soit sauvée.

L’Etat a-t-il secouru les écoles privées ?

Comme tous les secteurs les plus touchés par la crise, l’Etat est en train d’accompagner l’école privée. Les écoles privées sont dans la même situation que les autres entreprises du secteur privé. Nous les accompagnons pédagogiquement, mais financièrement, elles seront gérées comme les autres entreprises privées, qui sont dans le lot des structures à accompagner. Deuxièmement, au niveau de l’Education nationale, tout ce qu’on a mis à la disposition des élèves en termes de ressources numériques, des cours à la maison, avec notre canal, les écoles privées ont accès à tout cela. Et s’il y a reprise, elles bénéficieront des mesures d’accompagnement liées aux masques et autres. Ce sont des écoles qui sont dans la République et nous allons assurer les enseignements dans de bonnes conditions.

Vous avez mis en place «le canal éducation» pour accompagner les élèves. Est-ce que vous avez fait un bilan à mi-parcours ?

Le canal éducation a commencé il n’y a pas très longtemps. Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est une vieille demande qui a été satisfaite au Sénégal. Même de grands pays cherchent à avoir un canal avec certaines chaînes. Au Sénégal, nous avons la chance d’avoir un partenariat avec plusieurs télévisions, comme la Tfm, Rdv… C’est un bon outil. Et comme ce sont des cours validés par l’Inspection d’académie, le bilan qu’on peut en faire c’est l’engouement et le fait que les acteurs s’approprient le projet.

C’est un bon outil, mais il n’est pas démocratique. Tous les élèves n’ont pas accès à ces canaux ?

Nous avons pensé à tout cela. Mais ce qui serait mauvais, c’est de ne rien faire. Ceux qui sont dans les grandes villes ont accès à internet et aux autres canaux. Ceux qui ne l’ont pas, peuvent suivre la télé. Les autres qui n’ont pas la télé peuvent suivre à travers les radios communautaires. En dehors de tous ces canaux, nous faisons des photocopies pour les élèves. C’est toute une chaîne, mais ça ne remplace pas à 100 %, les cours qui sont faits en classe. Nous faisons un accompagnement comme tous les pays du monde.

Mais les chances ne sont pas égales ?

C’est vrai que les chances ne sont pas égales. Mais nous avons essayé, chacun en fonction de ses réalités, d’assurer la continuité pédagogique. C’est un accompagnement, en attendant que cette situation exceptionnelle soit dépassée pour qu’il n’y ait pas de coupure entre l’élève et les enseignements. C’est cette continuité qu’on veut assurer, même si c’est une situation très difficile. Ce qui serait mauvais c’est de ne rien faire. Beaucoup d’enseignants ont même créé des groupes WhatsApp avec leurs élèves pour poursuivre les cours. L’essentiel c’était qu’il y ait ce lien «école – élève – famille – école».

igf