Le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall a répondu, par le biais d’un communiqué, à la Secrétaire générale d’Amnesty international, Agnès Callamard. Celle-ci avait déploré en conférence de presse vendredi 28 octobre 2022, « les interdictions des manifestations » par les autorités sénégalaises, la « répression des libertés et le manque de transparence des enquêtes « sur les personnes tuées durant les manifestations de mars 2021 et de juin 2022 dans plusieurs villes du pays.
D’emblé le Garde des Sceaux signifie au concerné que le Sénégal « n’a jamais manqué au respect de ces principes comme le démontrent les statistiques relatives à l’exercice des libertés publiques des quatre dernières années avec les pourcentages d’interdiction de manifestation sur la voie publique et de réunions publiques ».
Pour étayer son argumentaire, le ministre de la Justice brandit de chiffres. « Sur les 4828 déclarations reçues, 108 sont interdites, soit, 2,24% en 2018 ; sur 5535 déclarations, 75 sont interdites, soit 1,36% en 2019 ; sur 2516 déclarations, seules 79 sont interdites, soit 4,33% en 2020 dont la hausse était liée aux mesures restrictives, prises par l’autorité dans le cadre de la proclamation de l’état d’urgence le 30 mars 2020 dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19, telles que l’interdiction des réunions et des rassemblements dans certains lieux publics jusqu’au 05 janvier 2021 », s’est t-il défendu dans le document.
Mieux, il ajoute qu’une nette tendance baissière a été retrouvée au cours de l’année 2021 avec « 45 interdictions, soit 1,95% sur les 6256 déclarations reçues ».
Il est alors important, « de relever que les mesures d’interdiction ont toujours été fondées sur des motifs valables tels que : la nécessité de prévenir les risques de troubles à l’ordre public ; la nécessité de garantir la libre circulation des personnes et des biens sur les axes routiers stratégiques ; l’exigence de garantir la sécurité des personnes et des biens », a souligné le ministère de la justice.
S’agissant des allégations de recours excessifs à la force, la justice sénégalaise de relever que les pratiques, pour l’essentiel, sont « conformes aux principes de base régissant le recours à la force par les agents d’exécution des lois. Les rares manquements sont déférés devant les autorités judiciaires ; lesquelles apprécient souverainement les faits ».
En ce sens, le ministre de la Justice fait savoir à cette organisation que les commentaires portés sur les cas de saisine ou d’enquêtes au Sénégal » dénotent une ignorance totale du système judiciaire au service des justiciables et des acteurs économiques ».
Pour sa part, le gouvernement condamne fermement « l’accusation grave et non prouvée selon laquelle 13 des 14 morts, tués lors des manifestations de mars 2021, l’ont été par les forces de l’ordre et se réserve le droit d’user des voies appropriées pour le rétablissement de la vérité ».
En somme, la justice sénégalaise invite l’ONG Amnesty international à « faire preuve de rigueur dans sa méthodologie de travail et de s’abstenir de faire des jugements de valeur susceptibles de semer la confusion dans l’esprit du public et de l’opinion publique internationale ».