Si certains en doutaient encore, les derniers événements survenus du côté du Vieux-Port nous prouvent une fois encore que l’Olympique de Marseille n’est pas un club comme les autres. Plus que jamais au cœur de l’actualité dans l’Hexagone, l’OM a vécu une folle semaine sur tous les plans. Entre les débordements samedi de La Commanderie, le président Jacques-Henri Eyraud dans le collimateur des supporters et l’auto-démission surréaliste d’André Villas-Boas, le navire marseillais est en plein naufrage.
Avec son fameux « OM Champion Project » comme fer de lance de son programme ambitieux, Jacques-Henri Eyraud est arrivé sur la Canebière en 2016 en quête de trophées et de stabilité sportive sur les scènes française et européenne. Malheureusement, en plus de quatre ans, rien ne s’est passé comme prévu. Malgré une belle finale accrochée en Ligue Europa en 2018 contre l’Atlético Madrid et une qualification en Ligue des Champions à l’issue de la saison 2019-2020, l’Olympique de Marseille brille par son inconstance et peine à retrouver sa gloire d’antan.
Et ce pénible exercice 2020-2021 en est la parfaite illustration. Devenus la risée de l’Europe avec sa série historique de treize défaites consécutives, les Phocéens ont vécu un véritable cauchemar en C1. Et comme si ce n’était déjà pas assez, les partenaires de Florian Thauvin ne parviennent pas à redorer leur blason dans l’Hexagone. Actuel 9e de Ligue 1, le club traverse une des plus grosses crises de son histoire, sur le terrain tout d’abord, mais surtout en coulisse.
Eyraud, la cible de La Commanderie
Les tristes événements de ce samedi 30 janvier 2021 l’ont démontré. La Commanderie, le centre de formation et d’entraînement des Olympiens, a été le théâtre du point de rupture entre la direction phocéenne et ses supporters. En saccageant ce lieu emblématique de l’institution marseillaise, les ultras ont envoyé un message puissant à leurs dirigeants en réclamant la tête du président décrié Jacques-Henri Eyraud.
Suite à ces débordements qui le visaient, le principal intéressé a contre-attaqué sur la chaîne Téléfoot en mettant en perspective cette zizanie avec deux décennies d’histoire du club : « Effectivement, il y a deux visions qui s’affrontent, ce soir. Il y a une vision de l’OM que l’on connaît, qui a fait des grandes choses, qui a gagné des titres, qui a connu des grands succès, mais aussi celle de l’OM du chaos, de l’OM qui a connu 20 entraîneurs en 20 ans, de l’OM des magouilles, de l’OM de la chronique judiciaire, de l’OM des affaires… »
En un claquement de doigt, le clan Tapie, clairement visé par ces insinuations, est sorti de sa boîte pour répliquer. D’abord avec le fils Stéphane : « Crée-là ton histoire et arrête de parler de celles des autres ! » avant que le patron Bernard ne sorte la sulfateuse : « Ils sont en train de détruire une image qui date de plus de 100 ans. L’entraîneur, s’il veut démissionner, de vous à moi, on s’en fout, qu’il parte. S’il n’est pas content, on peut le comprendre. Mais maintenant, il y en a un autre qui doit l’imiter, c’est celui qui est en train de foutre cette pagaille. Jacques-Henri Eyraud doit comprendre qu’il n’est pas à sa place. Il a fait la démonstration qu’il était certainement doué pour plein de choses mais en tout cas pas pour diriger un club de football comme l’Olympique de Marseille. » Rouge de colère, l’ancien président emblématique de l’OM a même laissé échapper un « abruti » à l’encontre de JHE avant de raccrocher à l’antenne de France Info…
Villas-Boas, le dégât collatéral d’une communication bancale
Et comme si la mascarade marseillaise n’était pas déjà assez abracadabrantesque, un autre événement, sorti de nulle part, a fait exploser encore un peu plus cette tempête médiatique. Mardi, à l’occasion d’une conférence de presse complètement lunaire, le coach André Villas-Boas a présenté sa démission, de son propre chef, dans la stupeur générale. Si un départ durant l’été était déjà acté, AVB a pris de court tout le monde en décidant de raccourcir son aventure marseillaise. Le décalage total entre ses suggestions en matière de recrutement et les choix opposés de sa direction sont à l’origine de ce divorce. Le dossier Olivier Ntcham étant la goutte d’eau de trop pour le technicien. « Je n’ai rien à voir avec décision, je l’ai apprise ce matin, par la presse. C’est précisément un joueur auquel j’ai dit non. J’ai présenté ma démission à la direction. Sans rien voler à OM. Je ne suis pas d’accord avec la politique sportive. »
La fin d’un cycle à l’OM
Quelques heures après ce coup de théâtre, la direction olympienne, égratignée par son entraîneur, a choisi de mettre à pied ce dernier à titre conservatoire. Alors que Villas-Boas appartient déjà au passé, Pablo Longoria s’affaire en coulisse pour lui trouver un successeur. Confronté aux refus des prétendants Lucien Favre et Maurizio Sarri, qui ne veulent pas entrer en scène en cours de saison, l’entraîneur adjoint Nasser Larguet a été nommé à l’intérim en attendant la potentielle confirmation de la piste Jorge Sampaoli. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le « head of football » de l’OM et l’entraîneur argentin seraient tout proche de conclure un accord de principe.
Alors que dans le même temps, la puissance saoudienne a fait part de son intérêt dans le rachat du club sous la forme du prince Al-Walid Bin Talal, et que les premières discussions auraient débuté avec l’actuel propriétaire Frank McCourt, un nouveau cycle pourrait bien voir prochainement le jour à Marseille…
Face à la comédie tragique qui ébranle leur club actuellement, nul doute que les supporters de l’OM ont envie de tourner la page et de passer à autre chose.
Source: sport.fr