Les conflits constituent aujourd’hui une entrave très sérieuse au développement du continent africain. Pour cette raison, il est important d’engager un processus de réflexion afin de faciliter l’effectivité des mesures de prévention, de gestion et de résolution des conflits. Cette tâche ne pourra être menée à bon terme que si nous privilégions le dialogue social.
C’est un outil qui nous permet de retourner aux valeurs culturelles africaines pour comprendre comment les ancêtres essayaient de prévenir et de résoudre les conflits qui naissaient entre les royaumes, les tribus ou les familles.
Au début des années 1990, sous le vocable de dialogue national souverain ou de conférence nationale, le dialogue entre les différentes forces vives des nations a pu, permettre une transition d’un système à un autre. Le processus de démocratisation enclenchée par ces « Conférences Nationales Souveraines » a permis l’instauration du multipartisme, du pluralisme politique (dans beaucoup de pays le monopartisme a cédé la place au pluripartisme), syndical et une orientation, voire une réorientation de l’économie, l’organisation d’élections pluralistes, la rédaction de nouvelles constitutions tenant compte de l’aspiration du peuple. Ce fut ainsi au Bénin, au Congo, en République Démocratique du Congo, au Gabon, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Togo, au Niger, au Mali, etc.
L’institution de l’arbre à palabre comme lieu privilégié de résolution et de prévention des conflits n’est pas fortuite. En tant que cadre d’organisation de discussion, d’expression d’opinions, de débats contradictoires, de conseils, de négociation et de critique positive, l’arbre à palabre constituait un lieu de déploiement de mécanismes divers de dissuasion et d’arbitrage. De ces discussions jaillissent des leçons de morale, des avertissements, des mises en garde et des recommandations. En ce sens, elle a toujours constitué un cadre idoine de résolution des conflits en Afrique noire.
Aujourd’hui, il est nécessaire pour la classe politique, de comprendre que tout acteur qui veut intervenir dans le règlement ou la prévention des conflits sociaux, électoraux ou autres, doit privilégier le dialogue. Ceci constitue un outil majeur de gouvernance car il permet d’édicter des règles ou mécanismes de prévention et de règlement de ces conflits.
La classe politique doit répondre à l’appel du Président Macky Sall car le dialogue est un exercice de communication dont le but ultime, n’est pas d’avoir raison sur le récepteur, mais, dans une complémentarité des points de vue, rechercher ensemble et de manière désintéressée le consensus si ce n’est la vérité.
Aujourd’hui, son Excellence Monsieur le Président de la République lance un appel à un dialogue national et la question qui se pose est « Quel est le rôle et la place de la femme dans le dialogue national ? » lancé par le Président de la République.
Le Président Macky Sall accorde une place de choix à la promotion et à la protection des droits des femmes. En effet, lors de son discours de prestation de serment, il a pris l’engagement de promouvoir la réduction des inégalités basées sur le genre et de faciliter l’accès des femmes dans les instances de prise de décision. Il faut noter que l’objectif de la promotion de l’égalité du genre et l’habilitation de la femme figurent aussi parmi les huit Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) et dans les Documents cadres de Développement du Pays comme un axe transversal.
Pour répondre à la question ‘’quel est le rôle et la place de la femme dans le dialogue national ?’’, il est important d’abord d’examiner la composition genre des structures bipartites et tripartites formelles du social au Sénégal et puis mettre surtout l’accent sur l’analyse sexo – spécifique des accords de négociations collectives c’est-à-dire avec les hommes et les femmes.
En matière de gouvernance et prise de décision, la Politique nationale du genre recommande les actions suivantes :
a. Mettre en place des mesures favorisant la participation effective de tous les citoyens, hommes et femmes, garçons et filles à tous les niveaux de prise de décisions ;
b. Entreprendre des actions positives visant à promouvoir la participation des femmes dans tous les secteurs d’administration et de prise de décision tant au niveau central qu’au niveau local ; ainsi que leur participation dans la politique et les structures de décentralisation ;
c. Mettre en place des mesures visant au renforcement des capacités des femmes pour leur participation effective à la prise de décision ;
d. Mettre en place un cadre de suivi/évaluation assorti d’indicateurs sexo-spécifiques.
Les apports des femmes dans les actions menées pour le développement de l’humanité interpellent les sociétés contemporaines et les invitent à se redéfinir par rapport aux aspects normatifs et organisationnels qui placent souvent la femme dans l’ombre de l’homme. En effet, les arguments faisant fond sur la nature et la culture pour inférioriser la femme semblent ne pas résister face aux arguments de la réalité et de l’expérience.
Une expérience de dialogue qui mérite d’être évoquée, est celle des femmes de Casamance qui, depuis le début de ce qu’on appelle pudiquement la crise en Casamance, n’ont cessé d’intervenir auprès des protagonistes du conflit en plaidant pour un dialogue qui épargnerait des vies humaines.
Le dialogue social doit être une occasion pour éliminer les stéréotypes liés au genre dans le monde du travail et améliorer l’égalité entre hommes et femmes dans les mécanismes des structures d’exercices de communication ainsi que dans les processus de négociation collective.
L’appel au dialogue du Président Macky SALL vient à son heure, et tous les sénégalais doivent se réjouir d’une telle initiative dans la mesure où il est l’un des acquis les plus importants de notre démocratie et le dialogue est une nécessité réelle dans une république qui marche. Cependant, il faut donner aux femmes leur place dans ce mécanisme d’exercices de communication. Il est difficile de faire valoir les besoins et les intérêts des femmes dans le dialogue social, lorsque celles-ci n’y sont pas suffisamment représentées.
Alliance Pour la République (APR)
Plateforme des femmes de la Convergence de Cadres Républicains (CCR)