Le rôle de la France au Rwanda continue de faire des remous. Plus de 280 universitaires, enseignants et intellectuels ont signé une pétition pour dénoncer la composition de la future commission d’historiens chargée de faire la lumière sur le rôle de Paris pendant le génocide. La composition de cette commission doit, en principe, être annoncée vendredi, mais les signataires de la pétition s’insurgent contre le fait que des historiens en auraient été exclus.
C’est une commission qui doit, en théorie, faire la lumière sur un passé douloureux, mais on ne sait toujours pas ce qu’elle sera chargée de faire exactement. La presse rapporte qu’elle pourrait être présidée par Vincent Duclert, inspecteur de l’Éducation nationale, spécialiste de l’affaire Dreyfus et auteur d’un livre sur la France et le génocide arménien. Le principal intéressé n’a pas démenti.
Le journal La Croix rapporte également que deux historiens ont été écartés de cette commission : Hélène Dumas, qui a consacré sa thèse aux Gacacas, les tribunaux populaires rwandais, et Stéphane Audoin-Rouzeau, qui a lui-même consacré un livre au génocide des Tutsis. Dans le milieu universitaire, on s’interroge sur l’indépendance de cette commission d’historiens placée sous la houlette de l’État.
Enjeu de l’ouverture des archives
« Exclure la seule chercheure française, qui parle le kinyarwanda et qui a une expérience de terrain, est quelque chose d’extrêmement problématique comme message en direction de Kigali. Cela me paraît clair. Exclure aussi un des grands historiens français, spécialiste de la violence de guerre quand on parle de l’un des plus importants génocides du XXe siècle me paraît aussi extrêmement problématique », estime Christian Ingrao, chercheur au CNRS à l’origine de la pétition.
Les auteurs de cette pétition ne s’opposent pas à la création d’une commission en tant que telle. Au contraire, à leurs yeux, l’ouverture des archives françaises pourrait être un « enjeu fondamental ». Pour l’instant toutefois, écrivent-ils, « de vérité, il n’est pas question ». De source diplomatique française, on précise que le président Macron permettra aux chercheurs de faire « leur travail en toute indépendance », et on dément que des chercheurs aient fait l’objet d’une quelconque exclusion.
rfi