Les habitants de plusieurs communes du Cayor des profondeurs, en veulent au Président Macky Sall. En plus d’avoir crié haut et fort pour réclamer le «bitumage d’une piste de 53 kilomètres qui date de 1939, en très mauvais état », ils se disent confrontés à « un sérieux problème d’électrification rurale ». Ils ont étalé leurs doléances au cours d’un point de presse, ce mercredi 14 juillet 2021, à Ngadiam Ndiaye.
Le maire de la commune de Koul, Modou Fall, dans l’arrondissement de Mérina Dakhar, département de Tivaouane, s’est dit « au regret de porter à la connaissance du Président Macky Sall, le fait que les députés du Cayor ne vous donnent certainement pas la bonne information. Simplement parce qu’ils ne jouent pas leur rôle ». Et de déplorer : « Un député qui, depuis son élection en 2017, n’a jamais mis les pieds dans la zone pour s’enquérir des préoccupations des populations des villages en difficulté, n’en est pas un ».
A l’en croire, « le mal du Cayor, c’est qu’on n’a pas de députés qui prennent en charge les doléances des populations pour les répercuter au niveau du chef de l’Etat ».
Selon Latyr Samb, né en 1944, s’exprimant au nom des chefs de villages traversés par la piste en mauvais état, la dame Pathé Mbaye, au nom des femmes, et Babacar Diop, représentant du Collectif de ladite piste rurale, « le Président Macky Sall refuse de régler le problème » relatif au mauvais état de cette route. Une route de 53 kilomètres qui part de Bambey, traverse plusieurs collectivités locales dont les communes de Ngaye Mékhé, Koul, Baba Garage, Toubatoul, jusqu’à Diogo et qui donne des courbatures aux usagers qui l’empruntent, du fait de son état exécrable.
Dénonçant un « sérieux problème d’équité territoriale », le maire de Koul, Modou Fall, rappelle que « cette piste qui date de 1939, a été tracée par le défunt Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma ».
Mais, s’offusque-t-il, « tous les ans, même en 2020, à chaque vote de la loi des finances, on nous dit que les travaux de bitumage sont prévus dans le budget. Or, on ne voit jamais rien ».
Pourquoi cette piste n’a-t-elle toujours pas été goudronnée ? Modou Fall rappelle qu’« en 2016, on avait lancé un appel d’offres qui englobait cette piste et l’île à Morphil, qui a déjà vu sa route bitumée. Quant aux communes traversées par cette route Bambey-Diogo, elles attendent son bitumage ».
Les populations tiennent d’autant plus à la réhabilitation de la piste Bambey-Diogo, qu’« elle est d’une importance capitale pour nous, d’autant qu’elle relie non seulement des régions, mais, au-delà, des pays comme la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie ».
Si jusqu’à présent, elles persistent à réclamer son bitumage, disent-elles, « c’est parce que, pour nous, il ne saurait être question de parler d’émergence sans disposer de routes bitumées ». En plus, soutiennent les orateurs qui se sont exprimés à Ngadiam Ndiaye ce mercredi, « le Cayor, également, mérite ce que Dakar et Thiès ont. Sinon même plus, parce que c’est le monde rural qui porte le développement du pays ».
Mais ce monde rural, poursuivent-elles, « quels que soient sa volonté et ses efforts, s’il ne bénéficie pas de routes goudronnées, finira toujours par dilapider sa production ». Modou Fall, selon qui, « un pays encore sous-développé doit savoir cibler ses priorités », pense que « les routes dans le monde rural constituent une sur-priorité ».
« Où se trouve le blocage », se demandent les populations qui, depuis 2006, organisent des manifestations de protestation pour demander le bitumage de « leur » route, en vain. Le maire de Koul rappelle qu’ « en 1999, on nous avait fait savoir que la CSE avait gagné le marché du bitumage de la route en question. Mais jusqu’à présent, les citoyens des communes riveraines n’ont pas vu le plus petit centimètre carré de goudron ».
C’est pourquoi, il estime qu’« il est temps d’interpeller directement le chef de l’Etat, pour savoir si oui ou non, il a donné des ordres pour le bitumage de cette piste et aussi, qui a bloqué l’exécution de ses instructions ».
En tout état de cause, les habitants des communes concernées disent éprouver d’« énormes difficultés » avec « nos femmes enceintes, qui perdent souvent leurs grossesses au cours de leur évacuation à Mékhé », avec « nos paysans qui sont obligés de brader leurs récoltes faute de bonnes pistes de production ».
Surtout que le premier magistrat de Koul jure « nous sommes en train d’être appauvris par cette route. Il y a des gens qui quittent Dakar pour venir à Mékhé, avec 1000 FCfa seulement, mais sont tenus de débourser 3.000 FCfa pour le trajet Mékhé-Ngadiam, sur six kilomètres ».
Au-delà de cette mauvaise piste, le maire Modou Fall relève le paradoxe qui veut que « dans la zone, les fils électriques traversent beaucoup de villages (Ngadiam Ndiaye, Ndiakhaté Saer, Fadione, Keur Madoki Abdou, Ndogola, Maka Diax, Sine Sa Ndiouga, Keur Abdou Ndaw Ndiaye, Keur Aly), qui, malheureusement, baignent toujours dans le noir, ne bénéficiant pas encore d’électrification rurale ».
Et d’expliquer que « les installations sont là depuis 2017, mais le courant tarde à venir. Du coup, il se pose un sérieux problème d’insécurité, avec les récurrents vols de bétail perpétués par des bandes de malfaiteurs qui sont en train de faire leur razzia. Avec l’approche de la Tabaski, tous les jours que Dieu fait, on a la hantise de se réveiller et de voir nos enclos vidés de leurs bêtes ».
Autre conséquence de l’enclavement de la zone, le refus des enseignants d’y être affectés, du fait de la difficulté d’accès. Pour cause, rares sont les véhicules qui osent prendre le risque d’emprunter cette mauvaise piste.
Le Témoin