Le congrès annuel du parti conservateur s’est ouvert ce dimanche 29 septembre à Manchester en plein chaos politique au Royaume-Uni alors que les divisions autour du Brexit sont à leur comble. Avant l’ouverture du congrès, le Premier ministre Boris Johnson a réaffirmé sa détermination à quitter l’UE le 31 octobre coûte que coûte et cette méthode Coué semble devoir dominer le congrès.
Avec notre envoyée spéciale à Manchester, Muriel Delcroix
« Get Brexit done », « accomplissons le Brexit ». Voilà le slogan officiel de ce grand rendez-vous des conservateurs cette année. Leur leader Boris Johnson a donné le ton en arrivant à Manchester : il n’a aucune intention de démissionner malgré la mise en échec systématique de sa stratégie sur le Brexit au Parlement. Une sortie du bloc européen le 31 octobre est encore tout à fait possible avec ou sans accord.
Par ailleurs, Boris Johnson a défendu bec et ongles sa rhétorique guerrière et l’usage de mots comme « capitulation », « trahison », « sabotage » à l’égard des parlementaires. Un langage qui lui a pourtant valu de nombreuses critiques.
Malgré des voix discordantes minoritaires, les délégués conservateurs rencontrés à Manchester semblent dans l’ensemble emboîter le pas à leur leader. Affichant une attitude conquérante, ils se disent enthousiastes et confiants qu’une résolution positive du Brexit est proche.
Mais en réalité ce congrès 2019 ne ressemble à aucun autre : nous sommes théoriquement à un mois du Brexit, le gouvernement pourrait à tout moment être emporté par un vote de défiance des députés.
Et tandis que les délégués conservateurs se réunissent ici, le Parlement est toujours en session à Londres, ce qui est totalement inhabituel et menace de jeter une ombre considérable sur le congrès.
► REPORTAGE
À peine arrivés à Manchester, les délégués ont dû affronter la colère de milliers de manifestants anti-Brexit et anti-conservateurs.
« Les conservateurs dehors » ; « Boris est un menteur » : le comité d’accueil s’est avéré musclé dans les rues détrempées de Manchester, reflétant les profondes divisions qui déchirent le pays depuis le vote pour le Brexit. Et pourtant, à quelques mètres de là, dans l’atmosphère feutrée du centre de congrès, ces attaques laissent les délégués conservateurs de marbre. « Je suis très positif ! Le parti conservateur se réunit ici pour mener à bien le Brexit, car nous voulons aller au-delà et profiter des opportunités qui s’offrent au pays à l’extérieur de l’UE. »
Quant à leur dirigeant Boris Johnson, il est décidément l’homme de la situation, explique une déléguée : « Je suis très contente d’être là. Surtout parce que nous avons Boris, un nouveau leader charismatique. Bien sûr, beaucoup critiquent son style de gestion, mais il faut accomplir le Brexit et si Boris Johnson est celui qui peut y arriver, le parti sera très heureux. »
Pas un mot sur les désaccords internes autour du Brexit, sur les échecs répétés face au Parlement, sur les ennuis qui s’amoncellent pour Boris Johnson ; la plupart des délégués affichent une attitude conquérante et veulent croire que leur parti et leur leader sont assez forts pour franchir tous les obstacles, Brexit et élections inclus.
M.D
rfi