Après avoir assuré qu’il préférait plutôt mourir que de voir un report du Brexit, le Premier ministre britannique a finalement accepté formellement l’extension offerte par l’UE lundi. Le même jour Boris Johnson a appelé à des élections anticipées le 12 décembre mais a vu sa demande rejetée par le Parlement. Néanmoins le Premier ministre a immédiatement annoncé son intention de recommencer pour mettre fin à la paralysie actuelle.
Avec notre correspondante à Londres,Muriel Delcroix
C’est la troisième fois que les députés lui disent non : qu’à cela ne tienne, Boris Johnson va retenter dès ce mardi de proposer exactement la même chose. Pendant ce temps, le dirigeant de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, qui réclamait depuis des mois des élections, fait désormais tout pour que cela n’arrive pas. Quant aux libéraux-démocrates dont la priorité était un second référendum, ils privilégient maintenant la tenue d’élections le plus tôt possible, début décembre.
La situation au Parlement de Westminster devient décidément très compliquée, voire sans issue depuis l’échec retentissant du Premier ministre à quitter l’UE le 31 octobre. Acculé par le Parlement qui l’a contraint à accepter un report du Brexit, Boris Johnson essaie tant bien que mal de reprendre le contrôle des événements.
Ce mardi, il va donc redemander aux députés d’accepter des élections anticipées le 12 décembre mais cette fois en présentant un court projet de loi qui n’aura besoin d’être adopté qu’à la majorité simple et qui a cette fois des chances d’être accepté par une partie de l’opposition, à certaines conditions. Les libéraux-démocrates et les indépendantistes écossais du SNP préfèrent en effet la date du 9 décembre et exigent que le gouvernement abandonne l’idée de faire voter sa loi sur le Brexit avant le scrutin. Les tractations s’annoncent féroces et le vote serré.
Pour Nicholas Startin, professeur à l’Université de Bath, convaincre le Parlement britannique ne sera pas une mince affaire. « Il faut deux tiers des députés, soit 434, pour la motion pour avoir des élections le 12 décembre et il n’y en avait que 299, donc la [précédente] motion a échoué pour M. Johnson. Et maintenant, il va revenir au Parlement aujourd’hui avec un deuxième projet de loi pour essayer d’avoir une majorité pour avoir une élection le 12 décembre. Mais le problème, c’est qu’il doit convaincre les libéraux-démocrates qui veulent arrêter le Brexit en fait ; il doit convaincre le Parti national écossais qui veut arrêter le Brexit et qui veut l’indépendance écossaise aussi ; il doit convaincre aussi l’opposition principale, les travaillistes de Jeremy Corbyn. Le Premier ministre est donc dans une situation assez difficile, je ne sais pas si cette motion va réussir aujourd’hui. Les mathématiques de la situation sont un peu délicates pour M. Johnson. »
Rfi