Le ministre britannique en charge du Brexit, David Davis, a démissionné dimanche 8 juillet. Il a expliqué dans une lettre qu’il ne voulait pas être « un conscrit réticent » au plan de sortie de l’Union européenne voulu par la Première ministre Theresa May. Dans son courier, cet eurosceptique convaincu explique que la position de Downing Street sur le Brexit est trop « douce » à son goût.
Avec notre correspondante à Londres,Muriel Delcroix
Cette position trop « douce » déplorée par David Davies, c’est en fait le nouveau projet présenté par Theresa May au gouvernement il y a deux jours et qui avait abouti à l’annonce d’un accord sur la volonté de maintenir une relation commerciale post-Brexit étroite avec l’UE.
Il prévoit notamment de mettre en place une zone de libre-échange et un nouveau modèle douanier avec les Vingt-Sept, afin de maintenir un commerce « sans friction » avec le continent. Un accord qui ne plaît absolument pas aux « brexiters » et à l’un de leurs plus fervents représentants, David Davis.
Il ne dit d’ailleurs pas autre chose dans sa lettre de démission. « L’intérêt national exige un ministre du Brexit qui croie fermement en votre approche, et pas seulement un conscrit réticent », a-t-il écrit, estimant que la voie suivie par la Première ministre ne permettrait pas de délivrer ce pour quoi les Britanniques avaient voté et laisse Londres dans une position de faiblesse pour négocier avec le bloc européen.
Un camouflet pour Theresa May
Si le départ du ministre en pleine nuit est un camouflet pour Theresa May, ce n’est pas une énorme surprise. La frustration croissante de cet eurosceptique notoire au sein du gouvernement sur la gestion du Brexit n’était un secret pour personne et David Davis avait menacé à plusieurs reprises ces derniers mois de démissionner face aux concessions, de plus en plus nombreuses selon lui, faites par Londres à Bruxelles.
Le départ de ce « brexiter » emblématique est un problème pour Theresa May, sa décision a déjà été saluée par plusieurs députés furieux de l’accord trop doux annoncé vendredi et pourrait favoriser une révolte pour renverser la Première ministre. Les prochains jours vont donc être décisifs pour elle.
Le risque d’une absence d’accord plane sur Bruxelles
Vue de Bruxelles, cette démission de David Davis et de ses deux secrétaires d’État est effectivement une bien mauvaise nouvelle rapporte notre correspondant dans la capitale belge, Quentin Dickinson. D’abord parce qu’elle introduit un élément supplémentaire d’incertitude, ensuite parce que – quelles que soient les qualités de leurs successeurs – ils mettront un temps certain à se familiariser avec des dossiers complexes, et que le temps presse. Chaque jour perdu accroît le risque de l’absence de tout accord à l’échéance du Brexit, le 29 mars 2019. Et puis, il n’est jamais conseillable de changer de cheval, fût-il rétif, au milieu du gué.
A cela, on ajoutera que David Davis et son interlocuteur européen, le négociateur en chef Michel Barnier, se connaissaient de longue date, ayant été l’un et l’autre ministre de l’Agriculture dans leur pays respectif au même moment. Ce ne sera pas le cas de la nouvelle équipe ministérielle que Theresa May doit d’urgence mettre en selle.