Sur la brèche, la Première ministre britannique, Liz Truss, voit la pression s’intensifier mais s’accroche. Comment peut-elle être amenée à quitter Downing Street ? Voici les possibles scénarios.
Après un mois et demi à Downing Street, Liz Truss est prise dans une tempête politique. Dernier épisode en date : la démission, mercredi 19 octobre, de la ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman, qui a exprimé ses « préoccupations à propos de la direction de ce gouvernement ». Coup dur pour la Première ministre, qui déclarait le même jour : « Je suis une battante, pas quelqu’un qui abandonne ». Mais plusieurs scénarios pourraient précipiter sa chute.
Des démissions en cascade
C’est le cas de figure qui avait été fatal à Boris Johnson en juillet : des démissions qui s’enchaînent au sein d’un gouvernement qui n’a plus confiance en son chef.
Liz Truss n’en est pas encore là, mais la dirigeante conservatrice a subi un sévère camouflet avec le départ de sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, moins d’une semaine après avoir remercié son ministre des Finances Kwasi Kwarteng.
Si elle venait à démissionner, Liz Truss quitterait la tête du Parti conservateur sans attendre, mais resterait au pouvoir jusqu’à ce qu’un successeur soit choisi. Le parti pourrait toutefois s’épargner de nouvelles et longues luttes fratricides en s’unifiant derrière une personnalité qui fait consensus.
Theresa May a succédé à David Cameron en 2016 – après le référendum sur le Brexit – suite au retrait de tous ses concurrents.
La pression pourrait aussi venir des parlementaires conservateurs qui, s’ils expriment en masse leur défiance à l’égard de Liz Truss, rendraient son départ inéluctable.
Un vote de défiance
En l’état, les règles internes du parti protègent tout nouveau dirigeant d’un vote de défiance pendant les 12 premiers mois de son mandat. Passé ce délai, il faut que 15 % des 357 députés conservateurs – soit 54 actuellement – envoient une lettre de défiance pour déclencher un tel scrutin.
Néanmoins, le puissant Comité 1922, chargé de l’organisation interne du parti, a la possibilité de changer les règles. Reste à savoir quel serait le seuil pour qu’un vote de défiance soit déclenché, à l’heure où les spéculations vont bon train à propos du nombre de lettres arrivées sur le bureau de Graham Brady, qui dirige le Comité.
Et en cas de défaite, Liz Truss perdrait immédiatement la direction du parti, mais resterait Première ministre jusqu’à ce qu’un successeur soit choisi.
Le Comité devrait définir les règles de ce processus pour se choisir un nouveau dirigeant, qui serait le troisième en un an, le cinquième depuis 2016. Mais les députés semblent peu enclins à engager une nouvelle compétition longue tranchée par les adhérents et pourraient se ranger derrière un candidat d’unité. Encore faut-il que le parti parvienne à s’accorder sur un nom.
Des élections législatives anticipées
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Les prochaines élections législatives doivent se tenir d’ici à la fin 2024, mais le gouvernement a la faculté de déclencher un scrutin avant cette échéance. Liz Truss aurait toutefois besoin du soutien de la majorité des députés.
Selon la Constitution britannique, non écrite, ils ont trois voies pour exprimer leur absence de confiance envers le Premier ministre, notamment en adoptant une motion de défiance ou en votant contre le budget. Dans un tel scénario, le chef du gouvernement est censé démissionner ou demander au roi de dissoudre le Parlement, synonyme d’élections générales.
Dans les sondages, l’opposition travailliste enregistre ses meilleurs scores depuis des décennies, certaines études prédisant la perte de centaines de sièges pour les conservateurs.
Si bien qu’il semble peu probable que suffisamment de députés conservateurs se joignent à l’opposition pour déclencher des élections qui s’annoncent désastreuses pour la majorité, au pouvoir depuis 12 ans.