Un livre très attendu sort ce vendredi en France, «Rwanda, la fin du silence: un ancien officier raconte». Son auteur, Guillaume Ancel, un ex-lieutenant-colonel, engagé dans l’opération Turquoise en 1994 au Rwanda, ne cesse de dénoncer cette opération qui a toujours été présentée comme strictement humanitaire par les autorités françaises depuis qu’il a quitté l’armée en 2005. Dans les bonnes feuilles de son livre, on découvre les premiers mois de l’opération, décrits comme très offensifs.
Guillaume Ancel, spécialiste du guidage des avions de chasse, reçoit ses premiers ordres opérationnels le 22 juin 1994, plus de deux mois après le début du génocide. Il est alors sur la base militaire de Valbonne en France. L’objectif dit-il est de réaliser « un raid sur Kigali pour remettre en place le gouvernement » hutu, en fuite et soutenu par Paris. Bien loin donc de la mission humanitaire qui sera ensuite mise en avant.
Quatre jours plus tard, les unités françaises sont déployés dans la région. A Goma et Bukavu, dans l’est de l’ex-Zaïre. Le 1er juillet 1994, l’ordre de marcher sur l’ennemi est donné. L’ex-officier de l’armée française raconte que l’objectif est d’empêcher le FPR de traverser la forêt de Nyungwe pour que les militaires tutsis ne prennent pas le contrôle du sud-ouest du Rwanda.
Tout est prêt, mais au dernier moment, un officier stoppe l’opération. Et annonce qu’ils ont passé un accord avec le FPR et que l’armée française va « protéger » une zone que les Tutsis « n’occupent pas encore ». « Ce sera une zone humanitaire ». Guillaume Ancel écrit que c’est la première fois que les soldats entendent ce mot « humanitaire ».
Selon lui, c’est l’Elysée qui aurait stoppé in extremis cette opération. Alertée au moment où des avions de chasse se mettaient en marche, la présidence « aurait brutalement pris conscience des conséquences » d’un tel engagement souligne l’ancien officier.