Après une saison sans jouer, Henri Saivet signe son retour en France sous les couleurs du Pau FC en Ligue 2 BKT. L’international sénégalais de 31 ans évoque cette période de doutes, le soulagement de retrouver un club de qualité et son retour dans ce championnat.
Henri Saivet, vous revenez après avoir connu une saison blanche à la suite de la fin de votre contrat à Newcastle. Comment avez-vous réussi à gérer cela ?
C’était une période très compliquée car je n’avais aucune perspective à moyen ou long terme. Un an, c’est extrêmement long. On en arrive à se demander s’il ne faut pas tout arrêter, si l’on est assez bon… Le fait d’avoir eu des opportunités de partir dans les pays du Golfe m’a motivé. Je me disais qu’il y avait encore des gens qui croyaient en moi, mais ma priorité était de rester en Europe et en France.
Finalement, votre statut d’international passé par des grands clubs n’a-t-il pas été un désavantage pour retrouver une équipe pendant cette période ?
Comme je venais de Premier League, certains clubs se sont peut-être dit que cela ne serait pas possible financièrement. Pourtant, lorsque certains venaient discuter avec moi, ils étaient surpris par ma position, car ils voyaient que je n’avais pas de prétentions particulières. Ce que je voulais, c’était juste rejouer au football. De plus, la covid a joué un rôle important car beaucoup d’autres joueurs ont été dans mon cas, en se retrouvant sans club.
Qu’avez-vous mis en place pour rester compétitif ?
Au début, je me suis dit que j’allais m’entretenir pour me tenir prêt en cas d’opportunité. J’ai toujours gardé la flamme. Les moments où il n’y avait rien de concret étaient compliqués. Je suis toutefois resté positif en me disant que cela allait évoluer dans le bon sens. Et cela a été le cas avec le Pau FC.
« Au premier entraînement, je tapais dans tous les ballons ! »
Vous retrouver à devoir vous entraîner tout seul ne devait pas être évident…
Dans un premier temps, la fréquence de mes entraînements était importante mais, au fur et à mesure, je me disais, selon la période de la saison, que je pouvais en faire un peu moins. Car je savais que les clubs n’allaient plus recruter. Donc je réduisais un peu mes séances… Ce qui me permettait aussi de m’aérer, de voir autre chose. Ne plus être à 100% concentré sur le football m’a sans doute permis de me maintenir mentalement et de ne pas craquer.
Quelle a donc été votre méthode pour vous aider à penser à autre chose ?
J’ai utilisé le basket comme échappatoire, en jouant un peu, mais surtout en assistant à des matchs. J’ai voyagé aux Etats-Unis pour voir de la NBA. Et comme je connais quelques joueurs français, j’ai aussi été regarder des matchs du championnat de France.
Et finalement, les contacts avec le Pau FC se sont concrétisés pour vous permettre d’avoir votre chance. Comment vous sentiez-vous à ce moment?
J’étais déjà très content que le Pau FC me donne la possibilité de m’entraîner. Car logiquement, ils se posaient des questions sur mon niveau et se demandaient sans doute : « Comment se fait-il que ce joueur soit libre ? ». Ayant atteint ses objectifs à 15 jours de la fin de la saison dernière, le club m’a invité à les rejoindre pour voir où j’en étais. Lors du premier entraînement, j’étais redevenu un gamin, je tapais dans tous les ballons ! C’était un soulagement pour moi. Retrouver le terrain, communiquer avec d’autres joueurs, marquer des buts et faire des efforts, tout cela m’avait cruellement manqué.
« Le Pau FC peut être une surprise cette saison »
Ce test s’est avéré concluant puisque vous avez signé en faveur du club palois le 1er juillet dernier…
Après ce premier entraînement, l’entraîneur Didier Tholot m’a dit qu’il avait été vraiment surpris et qu’il était content que je sois là. Cette période de test s’est donc très bien passée et nous nous sommes rapidement mis d’accord avec le Pau FC. Je suis ravi, car c’est le club qu’il me fallait.
En retrouvant la compétition avec la Ligue 2 BKT, vous fixez-vous des objectifs pour la saison ?
C’est difficile de le faire pour le moment. L’idée est d’abord de retrouver mon niveau physique et, ensuite, selon les besoins de l’équipe, j’espère que je pourrai l’aider à franchir un palier, lui apporter mon expérience. Car la saison s’annonce difficile avec quatre descentes et deux montées. Il sera important de montrer notre caractère pour atteindre l’objectif du maintien. Mais je pense que le Pau FC peut être une belle surprise de la saison. Il y a eu beaucoup d’arrivées cet été, donc il y a encore une alchimie à trouver, le temps que tout le monde trouve ses repères.
Et concernant votre apport sur le terrain ?
A ce moment de ma carrière, mon apport peut d’abord être technique, comme aider l’équipe à conserver le ballon en position haute. Je suis altruiste donc j’essaye de bien faire jouer mes coéquipiers. J’ai une formation de milieu même si, à mes débuts aux Girondins, j’ai joué devant et sur les côtés. J’ai toujours pris plaisir à faire le jeu. Mais Didier Tholot apprécie d’avoir différents systèmes, donc je peux aussi bien évoluer dans un milieu à trois, en box to box, en soutien de l’attaquant ou sur un côté.
D’ailleurs, connaissiez-vous Didier Tholot avant de venir à Pau ?
Je suis fan des Girondins donc je le connaissais déjà comme joueur (Didier Tholot a joué à Bordeaux entre 1995 et 1997). Et puis il a entraîné à côté de Bordeaux, à Libourne. J’ai même joué contre son équipe en Ligue Europa lorsqu’il était entraîneur au FC Sion (avec Bordeaux, 2015/16). Je découvre quelqu’un de sincère et d’honnête. Il m’a clairement dit ce qu’il allait faire avec moi et il le respecte.
Par ailleurs, le Pau FC a fait parler de lui en faisant signer le premier Vietnamien de l’histoire de la Ligue 2 BKT, Nguyen Quang Hai. Comment cela se passe-t-il avec lui ?
Il y a la barrière de la langue donc il est avec un interprète qui lui apprend les bases footballistiques et nos prénoms. Mais cela se passe bien, même s’il peut y avoir des hics dans la communication sur le terrain. C’est normal car il a tout à apprendre et vient de l’autre bout du monde. Il fournit beaucoup d’efforts et a déjà bien progressé depuis ses débuts. C’est un joueur intéressant et on a déjà pu voir qu’il avait un bon pied gauche. Il est encore un peu timide, car il ne connaît pas bien son nouvel environnement. Nous l’encourageons à se lâcher davantage. Nous lui répétons que s’il est là, c’est parce qu’il est bon !
Cette arrivée symbolise aussi l’évolution de la Ligue 2 BKT, notamment depuis votre premier passage il y a 11 ans avec Angers SCO (de janvier à juin 2011)…
Quand j’y ai évolué, c’était un autre style. C’était beaucoup plus physique. Les arbitres laissaient selon moi davantage jouer, ce qui donnait un jeu à l’anglaise. Je me rappelle mon premier match à Boulogne-sur-Mer, il pleuvait énormément, le ballon ne roulait quasiment pas, c’était la bagarre ! Aujourd’hui, les pelouses sont bien meilleures, les joueurs sont montés en qualité, donc ça joue davantage. Mais j’ai toujours suivi ce championnat. L’année passée, j’ai regardé Toulouse avec son jeu ultra offensif ou encore l’AJ Auxerre de mon ami Gaëtan Charbonnier, avec qui j’ai joué justement à Angers. Et j’ai aussi observé le Sochaux d’Omar Daf, avec qui j’ai un peu travaillé avec le Sénégal. Je regardais ce qu’il mettait en place, car j’avais eu l’occasion de discuter avec lui de ses intentions de jeu lorsqu’il passait ses diplômes. Même si je n’ai pas en tête tous les effectifs, je pense que j’ai fréquenté au moins un joueur dans tous les clubs de Ligue 2 BKT ! Zargo (Touré) à Dijon, Paul Lasne au Paris FC, avec qui j’ai été formé à Bordeaux, ou encore Matthieu Gorgelin (HAC), que j’ai connu chez les jeunes équipe de France…
Avec Ligue 2